Reporters sans frontières préoccupée par l'incarcération de Tayssir Allouni

Reporters sans frontières est préoccupée par cette nouvelle incarcération d'un homme malade. L'organisation s'interroge sur les raisons qui ont conduit les autorités espagnoles à priver de sa liberté Tayssir Allouni, placé sous contrôle judiciaire, qui n'a jamais tenté, au cours des deux années qu'a duré l'enquête, de se soustraire à la justice espagnole. Le 16 septembre au soir, la police espagnole a interpellé le journaliste vedette de la chaîne de télévision Al-Jazira, Tayssir Allouni, à son domicile de Grenade (Sud). Il devrait être transféré à Madrid pour comparaître, le 19 septembre, devant un juge de l'Audience nationale. La veille de son arrestation, Tayssir Allouni avait présenté une demande de permission pour se rendre en Syrie, aux obsèques de sa mère. Cette démarche aurait fait craindre aux autorités espagnoles que le journaliste allait tenter de se soustraire à la justice. « Il n'a jamais tenté de fuir et pourtant il a eu mille occasions de le faire », a expliqué un proche de Tayssir Allouni. L'épouse du journaliste, Fatima Allouni, a exprimé à Reporters sans frontière par téléphone son indignation à l'interpellation de son mari, dix jours seulement avant le verdict. « J'ai pu lui parler au téléphone hier. Il est triste, surtout après le décès de sa mère, mais il n'est pas déprimé », a-t-elle expliqué. « Nous sommes choqués par certaines fuites policières dans la presse qui affirment que Tayssir n'a pas respecté ses obligations lors de cette liberté provisoire. En vérité, il est allé signer tous les jours à la police », a-t-elle ajouté. Tayssir Allouni, célèbre pour avoir réalisé en Afghanistan la première interview d'Oussama Ben Laden, le 21 octobre 2001, a été jugé au printemps dernier à Madrid pour appartenance à une cellule espagnole d'Al-Qaïda accusée de complicité avec les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le jugement doit être rendu le 26 septembre. Le journaliste encourt neuf ans de prison. Tayssir Allouni a été arrêté une première fois en septembre 2003 en Espagne et remis en liberté un mois plus tard pour raisons de santé. Il avait été arrêté une seconde fois et placé en détention préventive le 19 novembre 2004. Pendant son procès, il avait été de nouveau placé en liberté sous contrôle judiciaire.
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Mise à jour le 20.01.2016