Reporters sans frontières “préoccupée” par la mise en examen d'un journaliste pour “violation du secret de l'instruction”

Reporters sans frontières exprime sa préoccupation face à la mise en examen, le 17 novembre 2008, d'un journaliste de La Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO), pour “violation du secret de l'instruction”. Cette décision est une entrave au principe même de travail d‘investigation puisqu'il est du devoir des professionnels des médias de révéler un fait dès lors qu'il contribue à l'information du public. “Dans un pays où la presse a traditionnellement joué un rôle important de préservation des libertés, les violations du secret de l'instruction sont trop souvent utilisées pour sanctionner des journalistes. Cette situation préoccupante doit cesser au plus vite. Le nombre de journalistes poursuivis dans le cadre de leur travail en France est inquiétant”, a déclaré Reporters sans frontières. “Le journalisme d'investigation doit être protégé par la loi. C'est notamment pour cela que Reporters sans frontières s'est mobilisée pour que la protection du secret des sources des journalistes soit nettement renforcée. Ce qui ne sera malheureusement pas le cas avec le projet de loi actuellement examiné”, a conclu l'organisation. Le 17 novembre 2008, un journaliste de la rédaction de La Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO) à Poitiers, a été mis en examen pour “violation du secret de l'instruction” dans une affaire de droit commun. Deux autres journalistes du quotidien Centre Presse - filiale de la NRCO - ont également été entendus, mais sans être mis en examen. Une centaine de personnes se sont réunies devant le palais de justice pour exprimer leur soutien aux trois journalistes. Le 30 septembre 2008, les locaux des deux quotidiens avaient été perquisitionnés en lien avec cette même affaire, relative à la publication, en juin 2007, d'articles liés au meurtre d'une jeune femme et révélant le contenu de l'expertise psychiatrique du principal suspect de l'affaire, qui avait été déclaré irresponsable. Le 13 octobre 2008, Reporters sans frontières rappelait que “depuis deux ans, la France détient le record européen en nombre d'interventions policières ou judiciaires liées au secret des sources, avec cinq perquisitions, deux mises en examen et quatre convocations de journalistes.” L'organisation avait rappelé à cette occasion qu'elle se montrerait “extrêmement vigilante” sur les conditions d'exercice du métier de journaliste. Dans cet esprit, Mediapart et Reporters sans frontières organisent, le 24 novembre 2008, une soirée consacrée à la défense de la presse libre et indépendante. L'événement se tiendra au Théâtre National de la Colline, à Paris, à partir de 20 heures. Dans un communiqué du 14 novembre, le journal en ligne d'information généraliste et l'organisation faisaient savoir qu'“au moment où l'Elysée prétend, par ses « états généraux de la presse», remodeler l'ensemble des systèmes d'information, il apparaît urgent de faire entendre d'autres voix. Celles des lecteurs, bien sûr, mais aussi celles des journalistes, blogueurs et intellectuels, aujourd'hui largement absents de la procédure en cours”. Plus d'informations sur Presse libre ! Une soirée Mediapart et Reporters sans frontières
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Mise à jour le 20.01.2016