Reporters sans frontières indignée par la décision de réserver la publicité aux médias « nationalistes »

Le 20 juin 2005, le ministre de l'Information et de la Communication a présenté les grands principes du Advertisement Policy-2062B qui vise à répartir la publicité publique en fonction du respect affiché par les médias « de la nation, de la nationalité et de la monarchie. » Reporters sans frontières dénonce une nouvelle étape dans l'élimination de la presse indépendante nationale et locale.

Le gouvernement a rendu publique, le 20 juin, sa nouvelle politique concernant l'attribution de la publicité d'Etat à la presse. Dorénavant, seuls les médias qui auront exprimé leur attachement à la Nation, à la nationalité et à la monarchie bénéficieront de cette manne financière. Reporters sans frontières dénonce une nouvelle étape dans l'élimination de la presse indépendante nationale et locale. « Le gouvernement a le devoir de répartir de manière impartiale la publicité publique. Mais, il fait tout le contraire en mettant en place, sans aucune consultation, une nouvelle politique qui va à l'encontre des principes de la liberté d'expression. Le gouvernement royal tente de réaliser au plus vite son rêve de voir disparaître la presse indépendante qui malgré la censure et la répression continue d'exercer son droit à informer », a affirmé l'organisation. Le 20 juin, le ministre de l'Information et de la Communication, Tank Dhakal, a présenté les grands principes du Advertisement Policy-2062B. Cette nouvelle orientation politique vise à répartir la publicité publique en fonction du respect affiché par les médias « de la Nation, de la nationalité et de la monarchie. » Le texte prévoit également que les entreprises de presse seront jugées selon leur « activisme positif » en vue de renforcer le moral de l'armée royale. Le gouvernement a fixé d'autres critères plus légitimes : transparence financière, applications des réglementations sur les droits des journalistes ou respect de l'éthique professionnelle. Un Comité central de coordination (CCC) a été créé pour mettre en place cette nouvelle politique. Les sept membres de cet organisme sont issus du gouvernement, sous la présidence du ministre de l'Information et de la Communication. La création du CCC réduit au minimum le rôle du Conseil de la presse, jugé trop indépendant par les autorités. Par ailleurs, la répartition de la répartition au niveau local sera désormais régentée par le représentant de l'Etat dans chaque district et sous le contrôle du département de l'Information basé à Katmandou. « C'est la mort des hebdomadaires privés locaux. La lourdeur administrative de ce système et le manque d'impartialité des représentants de l'Etat en province vont assécher la majorité des recettes publicitaires de ces publications », a précisé un journaliste de Katmandou sous couvert de l'anonymat. En effet, les organismes d'Etat devront soumettre un mois en avance les demandes d'achats de publicité, dans la capitale comme dans les districts les plus éloignés. Le quotidien gouvernemental Gorkhapatra devrait être le seul journal à profiter de cette nouvelle politique. Il devrait très largement augmenter ses revenus grâce à la publicité publique. Selon certaines estimations, 30 % des revenus de la presse sont assurés par la publicité publique : l'Etat dépenserait environ 500 millions de roupies (près de six millions d'euros) par an. Selon Pushkarlal Shrestha, président du groupe de presse Kamana Publication, la publicité publique représente la moitié des achats d'espaces publicitaires.
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Mise à jour le 20.01.2016