Reporters sans frontières « extrêmement inquiète » de l'expulsion des journalistes à Andijan

« Lorsque les autorités éloignent les journalistes d'une zone de conflit, c'est le plus souvent pour cacher les exactions qui y sont commises. Nous sommes très inquiets et exhortons le président Islam Karimov à laisser nos confrères couvrir les événements », a déclaré Reporters sans frontières après que les journalistes étrangers et locaux ont été expulsés de la ville, dans la nuit du 13 au 14 mai.

« Lorsque les autorités éloignent les journalistes d'une zone de conflit, c'est le plus souvent pour cacher les exactions qui y sont commises. Nous sommes très inquiets et exhortons le président Islam Karimov à laisser nos confrères couvrir les événements », a déclaré Reporters sans frontières après que les journalistes étrangers et locaux ont été expulsés de la ville, dans la nuit du 13 au 14 mai. Ces expulsions ont été menées par les services de sécurité ouzbeks. L'agence de presse Reuters rapporte que leur correspondant à Andijan s'est vu intimer l'ordre de quitter la ville dans les 30 minutes, faute de quoi la police ne pourrait plus assurer sa sécurité. Les journalistes expulsés seraient au nombre de sept. La plupart travaillent pour des médias étrangers, mais un reporter de l'agence locale Ferghana, ainsi qu'un journaliste d'un site web d'opposition, ont également dû quitter les lieux. L'Agence France-Presse (AFP) affirme par ailleurs que plusieurs journalistes, dont l'un de ses correspondants, auraient été interpellés dans la nuit, avant d'être conduits hors de la ville. Toujours selon cette agence, la répression engagée par les autorités ouzbèkes contre les rebelles aurait déjà fait plusieurs centaines de morts. ----------------------------------- 13.05.05 La « guerre de l'information » a commencé Reporters sans frontières « appelle le président Islam Karimov et les insurgés d'Andijan à respecter à tout prix la liberté de la presse, pierre angulaire de la démocratie, et à tout faire pour préserver le pluralisme de l'information, alors que la situation politique du pays est particulièrement chaotique. Il est urgent de mettre un terme définitif à toute censure, afin d'assurer au peuple ouzbek une couverture impartiale des événements en cours. Toute violence à l'encontre des journalistes serait gravement préjudiciable à l'instauration d'une normalisation politique et sociale en Ouzbékistan », a ajouté l'organisation. La retransmission par câble des chaînes de télévision américaine, russe et anglaise CNN, NTV et BBC ont été interrompues le 13 mai sur l'ensemble du territoire ouzbek. Des émissions culturelles et des clips musicaux ont remplacé les programmes d'information. Les sites russes indépendants www.lenta.ru, www.gazeta.ru et www.fergana.ru, ainsi que plusieurs sites ouzbeks, ont également été bloqués en Ouzbékistan. Dans le même temps, la première chaîne de télévision nationale ouzbèke et l'agence d'information Ouza ont évoqué les « criminels et les bandits » qui ont pris le contrôle dans la nuit du 12 au 13 mai de la prison de haute sécurité d'Andijan (est du pays, 300 000 habitants) et de l'administration régionale de la ville. Les médias sont contrôlés d'une main de fer par les autorités ouzbèkes. Si 800 journaux et revues sont officiellement enregistrés par le ministère de l'Information, seule une poignée conserve une indépendance éditoriale. Les quatre chaînes de télévision nationales du pays sont soumises à la censure présidentielle et seuls quelques sites Internet permettent d'accéder à une information critique. Depuis le mois d'avril 2005, la pression sur les journalistes indépendants s'est nettement accentuée. Sabirjon Yakubov, journaliste de l'hebdomadaire Hurriyat (Liberté, 3 500 exemplaires) a été arrêté le 11 avril 2005, à Tachkent. Inculpé pour « avoir enfreint l'ordre constitutionnel » et « faire partie d'une organisation extrémiste religieuse » (article 159 du code pénal), il risque jusqu'à vingt ans de prison. Par ailleurs, Ulugbek Khaidarov, journaliste indépendant également chef local d'Ezgulik (« Gentillesse », groupe de défense des droits de l'homme), âgé de 42 ans, a été passé à tabac par un inconnu près de son domicile à Jizzakh dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 avril. Quant à Marina Kozlova, correspondante ouzbèke de l'agence américaine United Press International (UPI), elle s'est vu refuser son accréditation le 27 avril par le ministère des Affaires étrangères. Le président Islam Karimov s'est rendu aujourd'hui à Andijan où 2 000 détenus de la prison de haute sécurité ont été libérés dans la nuit du 12 au 13 mai par des insurgés. Par ailleurs, les forces de l'ordre ont tiré sur la foule de plusieurs milliers de personnes rassemblées dans le centre d'Andijan pour réclamer la démission du chef de l'Etat. Depuis le début des accrochages, neuf personnes au moins ont été tuées et 39 autres blessées.
Publié le
Updated on 20.01.2016