Reporters sans frontières exige que les droits des 24 professionnels des médias emprisonnés soient respectés

11.01. 2002 - Un journaliste torturé, un autre interpellé Selon des informations réunies par Amnesty International, Raj Acharya, directeur du magazine Srijanashil Prakashan (Les publications créatives) a été torturé lors de sa détention. Après avoir été arrêté à son domicile, le 9 janvier, par des policiers et des militaires, le journaliste a été conduit au commissariat de Singha Durbar de Katmandou, puis transféré le lendemain dans le camp militaire de Balaju. Lors de son interrogatoire, Raj Acharya avait les pieds et les mains liés et le visage recouvert. Il a reçu des décharges électriques pour lui faire avouer ses relations avec le parti maoïste. Après deux jours d'interrogatoire, le journaliste a été reconduit dans un commissariat où ses proches ont pu lui rendre visite. Par ailleurs, le 29 janvier, Kishor Shrestha, directeur de l'hebdomadaire Jana Aastha, a été interpellé par des policiers en civil à son bureau de Katmandou. Selon le directeur adjoint, les policiers, qui n'ont pas présenté de mandat d'arrêt, ont refusé de fournir des explications sur l'arrestation de Kishor Shrestha, connu pour être proche du Parti marxiste léniniste (MLP, mouvement dissident du principal parti d'opposition). Jana Aastha est réputé pour sa couverture impertinente de la situation de la famille royale et de l'armée népalaise. Le journaliste est libéré le 30 janvier. 24.01.2002 - Une journaliste arrêtée par la police Dans une lettre adressée au Premier ministre népalais, Sher Bahadur Deuba, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'arrestation de Anuradha Paudyal, journaliste du Space Time Daily, à Katmandou. "L'arrestation de cette journaliste, dans des conditions indignes d'une démocratie, fait craindre de nouveaux débordements contre la presse de la part des forces de sécurité qui profitent de l'impunité que leur procure l'imposition de l'état d'urgence", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation a demandé au Premier ministre la libération immédiate de la journaliste. Selon les informations recueillies par RSF, Anuradha Paudyal, journaliste spécialiste des questions de santé et d'environnement au journal privé Space Time Daily, a été arrêtée, dans la soirée du 19 janvier 2002, à son domicile de Katmandou. Un groupe de policiers et de militaires ont perquisitionné, sans présenter aucun mandat, sa maison pendant plus de deux heures. Les forces de sécurité ont confisqué des livres et deux paires de jumelle utilisées par le mari de Anuradha Paudyal, lui-même journaliste, pour observer les oiseaux. Celui-ci a déclaré que les policiers ont bandé les yeux de sa femme avant de la placer dans un fourgon. Il a également expliqué que depuis l'arrestation de sa mère, son fils, âgé de quatre ans, réclame sa mère et présente des troubles du sommeil. Les autorités n'ont, quant à elles, fourni aucune information sur le lieu et les motifs de sa détention. Par ailleurs, RSF a demandé au Premier ministre de tout mettre en œuvre pour que les actions d'habeas corpus engagées par des avocats népalais et les familles de journalistes emprisonnés soient examinées avec attention et dans le plus grand respect de la loi. Sans prendre position sur les idées et les organisations que soutiennent certains journalistes emprisonnés, l'organisation s'indigne du refus des autorités d'examiner les premières demandes d'habeas corpus et de la volonté de traiter les cas des journalistes proches du parti maoïste, en vertu de la loi antiterroriste. Reporters sans frontières a, par ailleurs, rassemblé des informations sur les vingt-quatre professionnels des médias actuellement emprisonnés. Il s'agit de : * Govinda Acharya, Khil Bahadur Bhandari, Dipak Sapkota, Dipendra Rokaya et Rambhakta Maharjan, respectivement rédacteur en chef, directeur, journaliste, assistant à la rédaction et opérateur de saisie de l'hebdomadaire Janadesh, arrêtés le 26 novembre 2001. * Ishwor Chandra Gyawali, Manarishi Dhital et Nim Bahadur Budhatoki, respectivement directeur de publication, employé et opérateur de saisie du magazine Disabodh, arrêtés le 26 novembre 2001. * Om Sharma et Dipak Mainali, respectivement rédacteur en chef et opérateur de saisie du quotidien Janadisha, arrêtés le 26 novembre 2001. * Basant Pokhrel, journaliste du quotidien Jana Sangharsha, arrêté le 29 novembre 2001 à Butwal. * Sitaram Shaha et Pawan Shreshta, journalistes du quotidien Janakpur Awaj, arrêtés à Janakpour (centre du pays), le 29 novembre 2001. * Amar Budha, de l'hebdomadaire Yojana, arrêté au mois d'avril 1999. Il serait détenu à la prison de Gaighat. * Chandra Man Shrestha, directeur de publication du quotidien Janadisha, appréhendé le 26 décembre 2001, après plusieurs semaines de traque. * Badri Prasad Sharma, directeur de l'hebdomadaire Baglung à Besishar (dans l'ouest du pays), arrêté le 26 décembre 2001. * Bishnu Khanal et Liladhar Gautam, reporters du journal Surkhet Post, à Surkhet (ouest du pays), arrêtés le 29 novembre 2001. * Gurudatta Gyawali, journaliste du Lumbini Daily à Rupendehi (ouest du pays), arrêté le 29 novembre 2001. * Bijay Raj Acharya, journaliste du Sirjanshil Prakashan, arrêté le 9 janvier 2002. * Prem Bahadur Diyali, reporter du journal Blast Times à Dharan (province du Sunrasi, est du pays), arrêté le 20 décembre 2001. * Baikuntha Dahal, journaliste indépendant à Udaypur (ouest du pays), arrêté le 29 novembre 2001. * Kamal Mishra, journaliste indépendant à Jhapa (est du Népal), arrêté le 5 janvier 2002. * Hari Baral, journaliste de l'hebdomadaire Bijayapur à Dharan, arrêté le 3 janvier 2002. Plusieurs journalistes, entrés dans la clandestinité, sont activement recherchés par la police : * Bhabani Baral, journaliste de l'hebdomadaire Bijayapur à Dharan. * K. B. Mashal, journaliste indépendant à Dang (ouest du pays). * Kishor Shrestha, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Jana Aastha à Katmandou. * Prakash Adhikari, directeur de l'hebdomadaire Deshantar à Katmandou. La Fédération des journalistes népalais a mis en place récemment un Comité chargé de recenser les violations de la liberté de la presse et notamment les arrestations de professionnels de l'information. Depuis l'instauration de l'état d'urgence, proclamé le 26 novembre par le roi du Népal, la totalité des droits fondamentaux, notamment les libertés d'opinion et d'expression, ainsi que le droit à l'information, ont été suspendus. En vertu des dispositions qu'il met en place, toute personne supportant même indirectement les rebelles maoïstes sera poursuivie. Par ailleurs, l'armée a imposé le contrôle préalable de toutes les informations relatives au conflit avec la guérilla maoïste.
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Mise à jour le 20.01.2016