Reporters sans frontières dénonce une violation du secret des sources

Sur ordre du parquet de Bruxelles, la police a effectué, le 19 mars 2004, des perquisitions dans les bureaux et au domicile de Hans-Martin Tillack, correspondant à Bruxelles de l'hebdomadaire allemand Stern. Le journaliste, qui a dénoncé des fraudes au sein des institutions européennes, fait l'objet d'une enquête pour "corruption de fonctionnaire". Reporters sans frontières a condamné les méthodes employées par la justice, dénonçant une "violation du principe de la protection des sources, fondamental pour la garantie d'un journalisme d'investigation indépendant". "Nous vous rappelons que la Cour européenne des droits de l'homme considère que les perquisitions aux domiciles et dans les locaux professionnels des journalistes sont contraires à l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme si elles ne correspondent pas à un "besoin social impérieux". Nous demandons que les biens du journaliste lui soient restitués dans les plus brefs délais", a indiqué Reporters sans frontières dans un courrier adressé au procureur du roi de Bruxelles, Paul Degryse. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières auprès du parquet de Bruxelles, une instruction a été ouverte contre le journaliste pour "corruption active de fonctionnaire" suite à une plainte déposée par l'OLAF, l'organe de lutte anti-fraude de l'Union européenne. Ce dernier accuse Hans-Martin Tillack d'avoir payé des fonctionnaires européens afin d'obtenir des informations publiées dans un article sur la corruption présumée au sein des institutions européennes, paru dans Stern en 2002. Dans le cadre de cette enquête, la police a perquisitionné le domicile du journaliste vers 7 heures et a saisi son matériel informatique, son téléphone portable ainsi que de nombreux documents. Les bureaux du magazine au Centre de presse international de Bruxelles ont également été perquisitionnés. L'ordinateur, les téléphones et de nombreux dossiers appartenant au journaliste ont été saisis. Hans-Martin Tillack a été interrogé par la police, avant d'être relâché vers 17 heures. Selon la direction de Stern, les accusations de l'OLAF sont injustifiées. "Ni M. Tillack ni Stern n'ont jamais payé quoi que ce soit pour obtenir des informations. Il s'agit d'une attaque contre la liberté de la presse", a indiqué Boris Wintzenburg, du service politique de l'hebdomadaire. Ce dernier a estimé que cette affaire pouvait également être liée à la publication d'un récent article de Hans-Martin Tillack dénonçant des fraudes au sein du Parlement européen.
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Updated on 20.01.2016