Reporters sans frontières dénonce les intimidations et le boycott de La Provence par la mairie d'Orange

Le 6 mai 2004, une cinquantaine de sympathisants du Front National (FN, extrême droite) ont manifesté à Orange (Vaucluse) contre la rédaction locale du quotidien La Provence, qu'ils accusent de "désinformation". Le cortège était dirigé par le maire FN Jacques Bompard et son épouse Marie-Claude Bompard, conseillère générale. Reporters sans frontières a demandé à Jacques Bompard de mettre un terme aux intimidations et au boycott exercés depuis plusieurs mois par la municipalité d'Orange sur les journalistes de La Provence. "Quelles que soient les divergences de vues entre la mairie et le quotidien, les journalistes doivent pouvoir avoir accès à l'information et la traiter librement, sans subir d'intimidations ou de discriminations de la part des autorités locales", a affirmé l'organisation. Les manifestants ont défilé devant les locaux de la rédaction, brandi des panneaux "Provence Intox" et déployé une banderole affichant "Bienvenue à la maison de la désinformation !". Ils ont également distribué des tracts justifiant leur démarche : "Depuis des mois, La Provence mène un combat quasi-quotidien contre la ville d'Orange et notamment son maire, Jacques Bompard. (…) Cette véritable répulsion conduit ce journal à désinformer régulièrement ses lecteurs." Christine Blanc, de la rédaction locale de La Provence, a affirmé à Reporters sans frontières que le comportement de la mairie empêche les journalistes d'exercer leur métier dans des conditions normales. Selon elle, "la mairie ne tolère pas qu'on laisse la parole à ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. En réalité, ils voudraient qu'on fasse la revue municipale", a-t-elle déploré. Au printemps 2003, Christine Blanc et Stéphanie Esposito, de La Provence, avaient été mises en cause personnellement et nommément à différentes reprises, y compris par le maire lui-même. "Tant que ces deux personnes seront là, on ne pourra pas travailler", avait déclaré à Reporters sans frontières André-Yves Beck, responsable de la communication de la mairie. "On ne veut pas qu'ils nous cirent les bottes, mais qu'ils nous traitent correctement, qu'ils ne nous crachent pas à la figure. C'est notre droit de ne pas leur donner d'informations" avait-t-il affirmé. Pour René Gérard, directeur de la rédaction, qui soutient les deux journalistes, il s'agissait bien d'une "intimidation". Les relations entre la mairie et la rédaction locale de La Provence n'ont cessé de se détériorer depuis 2002. La municipalité reproche à La Provence de favoriser l'opposition et de couvrir les activités municipales de manière partiale et erronée. De leur côté, les journalistes se disent victimes d'un véritable boycott et se plaignent de ne pas recevoir l'état civil, les photographies et les communiqués de presse de la mairie. Au printemps 2003, la municipalité avait ouvertement revendiqué cette attitude en accrochant devant ses bâtiments un panneau sur lequel était écrit : "Pourquoi vous ne trouverez plus d'informations sur la ville d'Orange dans La Provence", et dans plusieurs articles de la revue municipale, comme "Provintox ou Désinprov ? Comment la presse désinforme…"
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Mise à jour le 20.01.2016