Reporters sans frontières dénonce le brouillage des radios étrangères, notamment le service ouzbek de la BBC

Le 15 octobre 2002, la radio britannique BBC a confirmé que les autorités chinoises brouillent depuis plusieurs mois les fréquences de ses programmes en ouzbek. "Après s'être attaqué aux programmes en mandarin, en ouighour ou en tibétain, le régime de Pékin a franchi une nouvelle étape dans la répression contre la liberté d'expression dans la région du Xinjiang. Cet acte de censure prive des dizaines de milliers d'auditeurs d'une information libre de la propagande de l'Etat chinois", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, Tang Jiaxuan. L'organisation a demandé au ministre de faire cesser le brouillage des programmes du service ouzbek de la BBC mais également de Radio Free Asia, de Voice of America et de Voice of Tibet. Reporters sans frontières considère que ces méthodes condamnées par les instances internationales de régulation des fréquences radio sont de véritables "actes de piratage". La BBC World Service a protesté le 15 octobre auprès du gouvernement chinois contre le brouillage de ses programmes en ouzbek qui affecte les auditeurs en Ouzbékistan (sauf à Tachkent) et dans la province chinoise du Xinjiang. Depuis début 2002, le service ouzbek a reçu des plaintes de ses auditeurs (cinq cent mille en Ouzbékistan et en Afghanistan) suite à l'apparition d'interférences lors de la diffusion des programmes d'information en ondes courtes. Un technicien de la BBC a vérifié en Ouzbékistan la nature et l'origine de ces parasites. Selon la BBC interrogée par Reporters sans frontières, les autorités chinoises brouillent systématiquement, depuis le 1er septembre, les trois fréquences utilisées par la radio pour ses programmes vers les auditeurs ouzbeks. Le gouvernement de Pékin n'a fourni à ce jour aucun motif pour cette censure. Mais il s'agirait de prévenir la réception de ces émissions par les habitants de la province du Xinjiang, majoritairement peuplée de Ouighours musulmans dont la langue est très proche de l'ouzbek. Récemment, ce service de la BBC avait interviewé des dissidents ouighours à propos de l'inscription par les Etats-Unis d'une organisation séparatiste du Xinjiang sur la liste des organisations terroristes. Depuis septembre 2001, les autorités chinoises ont intensifié la répression contre les organisations ouighours. Ainsi, des publications ont été fermées et les services de sécurité ont organisé des autodafés de livres et magazines en ouighour. Selon les informations de Reporters sans frontières, au moins sept programmes de radio en tibétain, en mandarin et en ouighour réalisés et diffusés depuis l'étranger, sont actuellement brouillés par le gouvernement chinois. Les rédactions des services en tibétain de Radio Free Asia, de Voice of America et de Voice of Tibet ainsi que le service en ouighour de Radio Free Asia, ont confirmé à Reporters sans frontières être victimes de brouillage depuis au moins le début de l'année 2000. Ainsi, l'organisation Tibet Information Network avait révélé, dans un rapport publié en mai 2000, l'acharnement des autorités de Pékin contre les radios en tibétain, très populaires dans la province himalayenne. Des plaintes ont été déposées auprès de l'organisation internationale de régulation des ondes. Mais le gouvernement chinois n'a jamais respecté ses engagements en la matière. De même, les interventions du gouvernement des Etats-Unis auprès des autorités de Pékin n'ont pas débouché sur des résultats concrets.
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Mise à jour le 20.01.2016