Reporters sans frontières dénonce la paralysie qui touche Internet

Reporters sans frontières dénonce l'état auquel les autorités birmanes réduisent le réseau Internet contraignant au silence les voix des opposants en ligne, alors que, en moins d'un mois, les principaux sites d'informations sur le pays ont été rendus inaccessibles à l'intérieur du pays et que les cafés Internet font régulièrement l'objet de visites de militaires.

Reporters sans frontières dénonce l'état auquel les autorités birmanes réduisent le réseau Internet contraignant au silence les voix des opposants en ligne, alors que, en moins d'un mois, les principaux sites d'informations sur le pays ont été rendus inaccessibles à l'intérieur du pays et que les cafés Internet font régulièrement l'objet de visites de militaires. “Les Birmans ne peuvent pas s'informer sur la situation de leur pays car les principaux sites d'informations sont bloqués par des attaques informatiques répétées. L'accès à l'information sur Internet s'est gravement déterioré à l'approche de la commémoration des vingt ans du soulèvement de l'opposition, le 18 septembre, et cette situation perdure aujourd'hui. Internet est mis à la botte du pouvoir, tout comme les médias traditionnels”, a déclaré Reporters sans frontières. Depuis environ trois mois, quatre sites d'informations basés à l'étranger sont régulièrement visés par des attaques DDoS , consistant à envoyer des milliers de requêtes à un serveur en même temps pour le bloquer. Le magazine The Irrawaddy (http://www.irrawaddy.org), dont le site est hébergé en Thaïlande, n'est plus accessible en Birmanie depuis le 16 septembre. Malgré la création d'un site miroir (http://theirrawaddy.blogspot.com), la rédaction a perdu près de la moitié de ses visiteurs en trois mois. Le site d'informations du média en exil Democratic Voice of Burma, ainsi que le site Mizzima, dédiés à l'information sur la Birmanie, ont été victimes d'attaques DDoS dès le mois d'août. Celles-ci se sont intensifiées entre le 15 et le 22 septembre, période durant laquelle les sites étaient également inaccessibles à l'extérieur du pays. Ils sont aujourd'hui toujours victimes d'attaques et inaccessibles en Birmanie. Le site du quotidien en ligne The New Era (http://www.khitpyaing.org), basé en Thaïlande a été victime de la même attaque entre le 15 et le 17 septembre. Il est aujourd'hui accessible, après que la rédaction a changé d'hébergeur. Trois pays ont été identifiés comme origines géographiques des attaques informatiques : la Russie, la Chine et Singapour. “Ces attaques DDoS émises de l'étranger visent des sites Internet donnant tous des informations sur la situation de la Birmanie. Nous ne croyons pas à des attaques aléatoires et nous soupçonnons fortement la junte militaire de vouloir contrôler le Réseau. Les autorités ont déjà montré la mainmise qu'elles avaient sur Internet en coupant l'accès au réseau au même moment en 2007. Aujourd'hui, elles suspectent les internautes d'envoyer des informations aux médias en exil, comme cela s'était produit l'année dernière”,a ajouté Reporters sans frontières. Selon The Irrawaddy, début octobre, les cybercafés de la capitale ont déjà été inspectés par des militaires. Ils ont interrogé les clients sur les sites qu'ils consultent ainsi que les personnes avec lesquelles ils sont en contact en ligne. Selon leurs propriétaires, la vitesse de connexion s'est considérablement réduite, rendant les photos et les vidéos quasiment impossibles à télécharger. Internet a été introduit en Birmanie en 1997, mais l'accès au réseau par les particuliers n'a été autorisé qu'en 2000, le gouvernement redoutant de ne pouvoir totalement contrôler cet espace. Il existe deux fournisseurs d'accès, MPT et Bagan Cybertech, le premier appartenant à l'Etat, le second étant hébergé par les services du premier. Le filtrage des messageries telles que Yahoo !, Gmail ou Hotmail y est officiel. Actuellement, 0,1% des Birmans se connectent à Internet à l'intérieur du pays. Deux cyberdissidents sont derrière les barreaux pour avoir usé de leur droit à la liberté d'expression. Le propriétaire de deux cybercafés à Rangoon, Nay Phone Latt, est emprisonné depuis le 29 janvier à la prison d'Insein à Rangoon. Il a été entendu le 30 septembre par un tribunal de Rangoon pour “atteinte à l'ordre social” au titre de la section 505 (b) du code pénal. Le comédien Zarganar, surnommé le “Charlie Chaplin birman“, qui tient un blog depuis août 2007 sur lequel il publie des posts critiques à l'encontre du gouvernement, est également détenu sans explication dans la même prison depuis le 5 juin, probablement en raison des critiques qu'il a émises concernant la gestion du cyclone Nargis par les autorités, un mois avant son arrestation. En septembre 1988, d'importantes actions de revendications populaires en faveur des libertés démocratiques et des droits de l'homme avaient été menées dans le pays, faisant quelque 3 000 morts, dont de très nombreux bonzes (moines bouddhistes) qui s'étaient soulevés aux côtés d'étudiants et de militants pro-démocratie. Le 26 septembre 2007 et pour la première fois depuis, les bonzes avaient retiré leur caution au régime en manifestant contre le régime du général Than Shwe. Les autorités avaient exercé une répression dans le plus grand silence en isolant le pays de la scène internationale. Plus d'informations sur la situation en 2007 Lire le rapport sur le réseau Internet en Birmanie
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016