Reporters sans frontières demande la libération du journaliste cachemiri Iftikhar Gilani

Le 31 juillet, la juge Sangeeta Dhingra Shehgal a repoussé au 8 août l'examen de la demande de libération sous caution d'Iftikhar Gilani. Le journaliste reste donc en prison. Deux jours auparavant, le Conseil de la presse d'Inde avait critiqué la détention du correspondant du Kashmir Times à New Delhi. _______________________________________________________ A la veille de sa visite officielle en Inde et au Pakistan, Reporters sans frontières a demandé au secrétaire d'Etat nord-américain Colin Powell d'intervenir auprès des autorités de New Delhi en faveur du journaliste Iftikhar Gilani du Kashmir Times, emprisonné depuis près de 50 jours. "Une intervention de votre part auprès des autorités indiennes pour ce journaliste de l'une des plus importantes publications du Cachemire comporterait une grande valeur symbolique en direction de la communauté journalistique du Cachemire et plus généralement de l'Union indienne", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Vous serez d'accord avec nous pour affirmer qu'une couverture médiatique indépendante du conflit du Cachemire est l'une des conditions pour trouver une solution politique. Iftikhar Gilani est un journaliste respecté qui n'a fait qu'exercer son droit à informer", a conclu Robert Ménard. Selon les informations recueillies par l'organisation, Iftikhar Gilani, chef du bureau du quotidien Kashmir Times à New Delhi, est détenu dans la prison Tehar de New Delhi (capitale du pays) depuis le 9 juin 2002. La police, accompagnée par des agents du Département des impôts, a arrêté le journaliste à son domicile, l'accusant d'être un espion pakistanais en possession d'argent donné par le gouvernement d'Islamabad. Par manque de preuves, le correspondant du Kashmir Times a été inculpé, le 11 juin, en vertu de la Loi sur les secrets officiels. La police affirme avoir trouvé des documents secrets à son domicile. Mais il s'agit de documents tirés d'un rapport de 1997 du Département d'Etat américain déjà publiés dans le quotidien indien The Hindu. Lors d'une audience, V. K. Ohri, l'avocat de M. Gilani, a pu démontrer que ces documents n'étaient pas suffisants pour déclencher une inculpation en vertu de cette loi. En effet, ce rapport est disponible librement sur un site Internet. Depuis, la police de New Delhi a ajouté une inculpation au dossier du journaliste. Il aurait violé l'article 292 du code pénal en projetant des films pornographiques à son domicile. Cette nouvelle inculpation, faite sans l'accord de la cour, a été contestée, le 18 juillet, par la juge Sangita Dhingra Sehgal. Mais cette dernière a néanmoins refusé les demandes de libération sous caution déposées par les avocats du journaliste. Selon l'Union des journalistes de Delhi, Iftikhar Gilani aurait été malmené par ses codétenus, en majorité des criminels. Les autorités de la prison lui auraient également refusé le libre accès à la bibliothèque de la prison. Reporters sans frontières considère qu'Iftikhar Gilani a été arrêté pour sa seule couverture du conflit au Cachemire critique de la politique du gouvernement de New Delhi.
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Updated on 20.01.2016