Reporters sans frontières demande la libération de trois journalistes palestiniens

Alors que près d'une vingtaine de journalistes palestiniens ont été arrêtés depuis le 29 mars par l'armée israélienne, trois sont toujours emprisonnés. Certains ont subi des mauvais traitements et ont été humiliés. Les raisons de leur arrestation sont inconnues. La famille de l'un d'entre eux, Hussam Abu Alan (voir photo), s'inquiète de son état de santé.

Dans une lettre adressée au Premier ministre, Ariel Sharon, Reporters sans frontières (RSF) a demandé la libération des journalistes Maher Hussein Romanneh, présentateur à la radio palestinienne, Jalal Hameid d'Al Rouah, chaîne privée de Bethléem et Hussam Abu Alan, photographe de l'Agence France-Presse (AFP). "A notre connaissance, ces journalistes n'ont fait qu'exercer leur métier. Nous demandons des explications sur les raisons de ces arrestations. Tout particulièrement inquiets de l'état de santé de Maher Hussein Romanneh, nous demandons qu'il soit hospitalisé au plus vite", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Depuis le 29 mars, date du début de l'incursion de l'armée israélienne dans les villes palestiniennes, RSF a recensé dix-sept cas de journalistes palestiniens arrêtés. Certains d'entre eux ont subi de mauvais traitements et ont été humiliés. A l'issue d'une mission sur le terrain du 5 au 7 avril, Reporters sans frontières avait alors parlé d'une "véritable politique délibérée d'intimidation" à l'égard de la presse et tout particulièrement des médias palestiniens. Le 24 avril 2002, Hussam Abu Alan (voir photo), photographe d'AFP, a été arrêté en début d'après-midi alors qu'il se trouvait au barrage de Beit Anoun près de la ville d'Hébron. Accompagné de Mazen Dana, cameraman de Reuters, et d'autres journalistes, il se rendait dans la localité de Bani Naim pour y couvrir les funérailles de deux Palestiniens. Des soldats ont demandé aux deux hommes d'enlever leur gilet pare-balles, leur casque et de montrer leurs papiers. Ils leur ont confisqué leur téléphone portable et leur matériel. Ils ont ensuite bandé les yeux de Hussam Abu Alan, lui ont attaché les mains et l'ont conduit dans un tank. Mazen Dana a été relâché plusieurs heures plus tard. "Ils m'ont provoqué, humilié et menacé", a-t-il déclaré à RSF. L'armée israélienne aurait remis Hussam Abu Alan, en fin de journée, au Shin Bet (services secrets israéliens) pour interrogatoire. Une porte-parole de l'armée a déclaré à l'agence que le journaliste avait été arrêté parce qu'il se trouvait en zone "C" (zone entièrement placée sous contrôle israélien) et parce qu'il n'avait pas de carte de presse. Hussam Abu Alan qui habite à Hébron travaille pour l'AFP depuis sept ans. Comme la plupart des journalistes palestiniens, il n'a pu obtenir des autorités israéliennes le renouvellement de sa carte de presse au début de l'année. Le 3 avril, Ashraf Farraj et Jalal Hameid, respectivement rédacteur en chef et journaliste d'Al Rouah, chaîne locale de Bethléem, ont été arrêtés par l'armée israélienne au centre de presse de Bethléem avec plusieurs autres journalistes. Selon Hamdi Farraj, les autres journalistes ont été libérés peu après, alors que Ashraf Farraj et Jalal Hameid étaient transférés au centre de Beitunia, près de Ramallah. Ashraf Farraj a été relâché le 24 avril mais son collègue demeure détenu. Le 30 mars, Maher Hussein Romanneh, présentateur à la radio palestinienne, a été arrêté à Ramallah et conduit au centre de détention d'Ofer, à Ramallah. D'après les informations recueillies par RSF, le journaliste aurait deux côtes cassées et l'armée aurait refusé son transfert dans un hôpital. Il n'a pas pu recevoir la visite de sa famille. Le 24 avril, Ahmed Assi cameraman d'ANN (voir photo), a été relâché. Le 2 avril au matin, accompagné d'Atta Iweisat, photographe travaillant pour le quotidien israélien Yediot Aharonot et l'agence Gamma, il avait été arrêté à Ramallah alors qu'il se trouvait avec d'autres journalistes étrangers. Ils avaient été agenouillés, menottés et maintenus dans cette position sous une pluie battante. On leur avait alors bandé les yeux puis on les avait conduits au centre de Beitunia, près de Ramallah, où ils avaient été interrogés. Atta Iweisat avait été relâché dans l'après midi.
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Mise à jour le 20.01.2016