Reporters sans frontières demande la libération de Daher Ahmed Farah

Reporters sans frontières demande au procureur de la République de libérer le journaliste et opposant Daher Ahmed Farah, détenu depuis le 20 avril 2003, et annonce l'arrivée prochaine à Djibouti d'un avocat pour le défendre. L'organisation proteste également contre la saisie de la dernière édition de son journal, Le Renouveau.

Daher Ahmed Farah, directeur de publication du journal Le Renouveau et président du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD, parti d'opposition), est emprisonné depuis le 20 avril 2003. Les autorités judiciaires ont refusé sa mise en libération provisoire. Aujourd'hui, Reporters sans frontières demande au procureur de la République, Djama Souleiman Ali, de tout mettre en œuvre pour relâcher ce journaliste et opposant. "A notre connaissance, Daher Ahmed Farah n'a fait qu'exercer son droit à informer l'opinion publique, un droit garanti par plusieurs traités internationaux ratifiés par la République de Djibouti. Rien ne justifie cette détention prolongée", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a rappelé que les Nations unies condamnent "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion". Par ailleurs, Reporters sans frontières a annoncé qu'un membre de l'association Avocats sans frontières avait accepté d'assurer la défense de Daher Ahmed Farah. Il se rendra à Djibouti dans les jours qui viennent. Aucun avocat sur place n'a accepté de défendre le journaliste. Enfin, l'organisation a protesté contre la saisie de l'édition n°477 du lundi 5 mai du journal Le Renouveau. "Non content de s'en prendre à Daher Ahmed Farah, les autorités saisissent à nouveau son journal. C'est un véritable harcèlement", a ajouté Robert Ménard. Le journaliste a été arrêté à Djibouti, le 20 avril au matin, et placé en cellule d'isolement à la prison de Gabode. Seule sa mère est autorisée à lui rendre visite. Aucune accusation n'a été prononcée officiellement contre le journaliste, mais selon plusieurs témoins, le général Zakaria Cheik Ibrahim aurait porté plainte contre Le Renouveau après la publication d'un article le mettant en cause. Dans l'édition n°475 du 17 avril, le journal avait reproché à l'officier le manque de "neutralité" d'une armée qui "doit être apolitique". Quelques jours plus tard, la Police spéciale de Djibouti s'était rendue au domicile du journaliste et au siège central du MRD afin de saisir sept machines à écrire, un amplificateur, les réserves d'encre des photocopieurs, ainsi que toutes les archives du journal Le Renouveau, sans qu'aucun mandat de perquisition ait été présenté. Enfin, le 5 mai au matin, des policiers ont saisi l'édition n°477 du journal dans les kiosques et auprès des vendeurs. Daher Ahmed Farah a été emprisonné à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Dans la plupart des cas, il était poursuivi pour un délit de presse et a été condamné à des peines de prison ou à des amendes. Le 15 mars 2003, il avait été détenu une journée et condamné à une amende pour avoir "porté atteinte au moral de l'armée".
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Mise à jour le 20.01.2016