Reporters sans frontières condamne le placement en détention préventive de Mourad Meherzi

Reporters sans frontières est stupéfaite et inquiète d’apprendre le placement en détention préventive de Mourad Meherzi. L’organisation réclame l’abandon des charges et sa libération immédiate. Le cameraman d’Astrolabe TV a été transféré ce 23 août 2013 à la prison de Monarguia, au terme de la durée légale de sa garde à vue, en attente de sa comparution devant le tribunal de première instance de Tunis. Or, étant donné que la Tunisie est en période de vacances judiciaires, il est à craindre que sa détention préventive ne se prolonge. Le dossier n’ayant pas été transmis à ses avocats, la date de l’audience et les charges retenues contre lui ne seront connues qu’ultérieurement. Mourad Meherzi serait poursuivi pour avoir filmé et diffusé les images d’un jet d’œuf sur le ministre de la Culture. Il serait en outre accusé de complicité avec le réalisateur Nasredine Sihilli, qui a jeté l’œuf, et qui a également été écroué.

-------------------------------------------------------------------------------------------- 21.08.2013 Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Mourad Meherzi Reporters sans frontières réclame la libération immédiate de Mourad Meherzi. Aucune charge ne doit être retenue contre lui.

Le 18 août 2013 vers 23h30, Mourad Meherzi a été arrêté à son domicile par la brigade criminelle de Gorj, et placé en garde à vue. Ce cameraman de la web TV tunisienne Astrolabe TV est poursuivi pour avoir filmé et diffusé les images d’un jet d'œuf sur le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, le 16 août dernier lors de la commémoration à Tunis du quarantième jour du décès de l’artiste Azzouz Chennaoui. Il est accusé de complicité avec le réalisateur Nasredine Sihilli, qui a jeté l’œuf et qui a depuis été arrêté. Le 21 août, le procureur du tribunal de première instance de Bab Bnet a décidé de son maintien en garde à vue. Il devrait être présenté le 22 août devant un juge d’instruction.

“Le placement et le maintien en garde à vue d’un professionnel de l’information au prétexte qu’il a filmé et diffusé des images, quand bien même celles-ci seraient compromettantes pour un personnage public, est non seulement inacceptable, mais également contraire aux lois tunisiennes. Mourad Meherzi, à qui sa chaîne avait délivré un ordre de mission, se trouvait sur les lieux pour filmer une cérémonie de commémoration, dans le cadre de ses activités professionnelles”, a déclaré Reporters sans frontières.

Ajoutant : “Cette affaire constitue un incident particulièrement inquiétant pour la liberté de l’information en Tunisie, qui risque d’avoir de graves conséquences sur le travail des professionnels des médias”.

Reporters sans frontières rappelle que le décret-loi 115-2011, qui régit le travail des professionnels des médias, ne prévoit aucune sanction pour ceux d’entre-eux couvrant un événement, officiel ou non. Le nouveau code de la presse prévoit au contraire dans son article 13 qu’un professionnel de l’information "ne peut être poursuivi pour son travail à moins que la violation des dispositions du présent décret-loi ne soit prouvée".

Une conférence de presse, organisée le 21 août 2013 dans les locaux du Syndicat national des journalistes (SNJT), a rassemblé des représentants d’Astrolabe TV, du SNJT, du Syndicat de la culture et d’autres organisations. Toutes ont exprimé leur solidarité avec Mourad Meherzi, dont les confrères à Astrolabe TV ont entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en garde à vue.
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Mise à jour le 20.01.2016