Reporters sans frontières appelle les Etats membres de l’UIT à prendre des engagements clairs pour garantir la liberté de l’information

A l’occasion de l’ouverture de la Conférence des plénipotentiaires de l'organe suprême de l’UIT (Union internationale des télécommunications), le 23 janvier 2012 à Genève, Reporters sans frontières appelle les Etats membres à prendre des engagements clairs pour garantir la liberté d’information et de circulation des idées et des opinions, et à sanctionner les pays qui recourent à la censure et violent le droit fondamental à l’accès à l’information. L’organisation exprime également son soutien à la manifestation des journalistes et activistes iraniens devant le siège de l’UIT à Genève. Cette conférence est un événement important. Les 193 Etats membres de l'UIT doivent décider de l’avenir de l'organisation, déterminer et orienter l'évolution des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le monde. Plusieurs membres de cet organe des Nations unies, contrairement à leurs engagements, sont responsables de graves atteintes à la liberté de l’information. En 2011, 68 pays étaient concernés par une forme de censure du Net selon le bilan établi par Reporters sans frontières. Parmi eux, l’Iran, mais aussi la Chine, Cuba, ou la Libye. Ces régimes recourent à la surveillance des réseaux de télécommunications et au filtrage du Net pour censurer l’information et traquer les dissidents, en violation des principes de l’UIT dont ils sont pourtant membres. Comme il est stipulé dans la Constitution de l’UIT, "les technologies des télécommunications ouvrent de nouvelles perspectives pour le partage du savoir mondial et contribuent à la liberté de circulation des idées et des opinions". Il est cependant nécessaire que les gouvernements et les parties prenantes mettent en place un "environnement politique propice" au développement de ces technologies. L’UIT recommande ainsi aux Etats membres de faciliter "la libre diffusion de l'information par les services des télécommunications". "Nous demandons à l’UIT de condamner fermement les pays ne respectant pas les principes fondamentaux de la liberté de l’information lors de cette conférence décisive. Nous appelons également l’UIT à constituer, dans son cadre de travail, une commission chargée de surveiller les atteintes à la liberté d'informer commises par ses Etats membres. Le développement des TIC dans le monde doit être un vecteur de démocratie, et l’UIT ne doit pas être complice des régimes qui entravent la libre circulation de l’information sur leurs réseaux de télécommunications", a déclaré Reporters sans frontières. L’Iran, un des pays les plus répressifs au monde, a confirmé sa décision de mettre en place un filtrage global des moyens de communication. Le pays s’apprêterait à lancer un Internet national, coupé de l’Internet mondial. Plusieurs responsables du gouvernement ont qualifié "les satellites et Internet comme des moyens électroniques de ‘guerre douce’ utilisés par les occidentaux". Depuis 2000, les chaînes diffusées par satellite en Iran ont été régulièrement brouillées, notamment la chaîne britannique BBC et l’américaine Voice of America. Ces médias ont protesté à plusieurs reprises contre "le brouillage des ondes opéré par l’Iran", mais les opérateurs européens et américains de satellites se trouvent forcés d’obtempérer sous les pressions politique et commerciale d’un Etat qui viole régulièrement les droits fondamentaux de ses citoyens, à commencer par le droit à être informé. Le 23 janvier 2012, Reporters sans frontières exprime son soutien aux protestations des journalistes et activistes iraniens contre la politique répressive menée par ce pays qui entrave la libre circulation d’information, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence des plénipotentiaires à Genève. Avec 54 journalistes et net-citoyens emprisonnés, l’Iran est l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels des médias. "L’iran profite de ses préséances dans les institutions internationales pour justifier la répression. Nous rappelons que la répression orchestrée par le régime de Téhéran s’appuie sur l’aide apportée par des sociétés étrangères, et occidentales en particulier. Certaines de ces entreprises, comme le premier opérateur européen de satellites, Eutelsat, collabore avec le régime de Téhéran pour mettre en place une censure de l’information indépendante, en gardant le silence sur la source des interférences des ondes des chaînes satellitaires", a poursuivi l'organisation.
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Updated on 20.01.2016