Reporters sans frontières appelle à la clémence à la veille du procès du père Nguyen Van Ly

Reporters sans frontières appelle les juges de Hué à ne pas condamner Nguyen Van Ly (photo) et ses deux coaccusés Nguyen Phong et Nguyen Binh Thanh à des peines de prison lors du procès qui doit s'ouvrir le 30 mars. Ils risquent vingt ans de prison en vertu de l'article 88 du code pénal qui punit la "propagande contre le gouvernement."

Reporters sans frontières appelle la justice vietnamienne à ne pas condamner à une peine de prison Nguyen Van Ly, l'un des responsables de la publication dissidente Tu do Ngôn luan, et ses deux coaccusés. Leur procès pour "propagande hostile au gouvernement" devrait s'ouvrir le 30 mars 2007 devant un tribunal de Hué (Centre). Ils risquent jusqu'à vingt ans de prison. "Le procès du père Nguyen Van Ly est un test très important pour la crédibilité de la justice vietnamienne. Saura-t-elle reconnaître son innocence alors qu'il n'a fait qu'exprimer ses opinions par voie de presse ? La Constitution du Viêt-nam protège la liberté d'expression, mais le Parti communiste ne tolère pas la critique. Nous appelons les juges à se placer du côté de la loi et à relaxer les accusés", a affirmé l'organisation. Nguyen Van Ly est l'un des responsables de la publication Tu do Ngôn luan. Cinq proches du dissident - deux hommes Nguyen Phong et Nguyen Binh Thanh et deux femmes Hoang Thi Anh Dao et Le Thi Le Hang - ont fait l'objet d'une enquête de police dans la même affaire, mais seuls les deux hommes devraient être jugés en même temps que lui. Reporters sans frontières a étudié les conclusions de l'enquête de la police de la province de Thua Thien Hue. Le document à charge tente de prouver que Nguyen Van Ly et quatre autres personnes sont coupables d'avoir violé l'article 88 du code pénal qui punit la "propagande contre le gouvernement de la République socialiste du Viêt-nam". Tout d'abord la police, dirigée par le colonel Dong Chinh Quy, accuse le prêtre de ne pas avoir respecté les termes de sa condamnation à cinq ans de résidence surveillée prononcée en octobre 2001. La police dresse ensuite une longue liste des activités "criminelles" du groupe telles que la collecte, l'impression et la diffusion de matériel de propagande hostile au gouvernement. Nguyen Van Ly, âgé de 60 ans, est également accusé d'avoir accordé des interviews à des radios internationales. Tandis que Nguyen Phong, âgé de 32 ans, est accusé d'avoir diffusé sur Internet le programme du Parti progressiste du Viêt-nam. Nguyen Binh Tanh, un électricien âgé de 51 ans, aurait aidé le père Ly à acheter et entretenir le matériel électronique nécessaire pour réaliser le journal. Hoang Thi Anh Dao, âgée de 21 ans, est accusée d'avoir acheté du matériel informatique et d'avoir aidé le prêtre à saisir les articles de Tu do Ngôn luan et des documents dissidents. Enfin, Le Thi Le Hang, une enseignante âgée de 44 ans, est soupçonnée d'avoir téléchargé, imprimé et distribué le journal. Le 15 mars, le président du Bureau du procureur a décidé de poursuivre Nguyen Van Ly, Nguyen Phong et Nguyen Binh Tanh en vertu de l'article 88 du code pénal. Les deux femmes pourraient ne pas être jugées. Selon l'Agence France-Presse, les journalistes étrangers seront exceptionnellement autorisés à assister au début du procès. Des proches de Nguyen Van Ly craignent que celui-ci ne soit jugé par contumace, car selon les autorités, il est trop faible pour se rendre à Hué. Aujourd'hui, Tu do Ngôn luan continue à paraître bien que Nguyen Van Ly soit en résidence surveillée et que l'avocat Nguyen Van Dai soit emprisonné. Le père Chan Tin et le père Phan Van Loi, surveillés par la police, continuent à assurer la publication. De son côté, la presse officielle a publié de nombreux articles accusant les dissidents d'être des "criminels". Ainsi, le 29 mars, le site du Parti communiste vietnamien publiait un article très agressif à l'encontre des Vietnamiens impliqués dans la création de partis politiques. Du 16 au 20 février 2007, une soixantaine de policiers avaient perquisitionné l'archevêché de Hué et les domiciles des accusés. Ils avaient saisi huit ordinateurs, six imprimantes, neuf téléphones portables et 147 cartes SIM ainsi que de nombreux documents. Le père Nguyen Van Ly fait partie du mouvement démocratique "Bloc 8406". Son combat pour la liberté d'expression et de culte lui a valu de passer plusieurs années en prison de 1977 à 1978, ainsi que de 1983 à 1992. En octobre 2001, le père Nguyen Van Ly avait de nouveau été condamné à quinze ans de prison pour ses activités liées à la défense de la liberté d'expression. Sa peine avait été réduite à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il sorte en février 2004.
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Updated on 20.01.2016