Report de l'ouverture du procès des assassins présumés de Carlos Quispe Quispe

L'ouverture du procès des assassins présumés de Carlos Quispe Quispe, journaliste de Radio Municipal Pucarani, prévue pour le 18 juin 2008, a finalement été reportée à une date ultérieure. D'après Jorge Borda, avocat de la partie civile, le juge Carlos Fiorilo a invoqué “d'autres affaires plus urgentes” pour justifier le renvoi de l'audience. Carlos Fiorilo est le troisième magistrat chargé du dossier depuis la mort du jeune journaliste, le 29 mars dernier, les deux autres ayant été écartés pour des “motifs bureaucratiques”. Reporters sans frontières s'étonne qu'il y ait pour un juge des procès “plus urgents” que celui d'un assassinat et partage l'appréhension de Samuel Lima, conseiller juridique de la mairie de Pucarani, pour qui “il est lamentable que nous devions reporter le procès car il importe d'éclaircir les circonstances de la mort de notre camarade Carlos Quispe Quispe”. ____________________________ 18.06 - Ouverture du procès des assassins présumés du journaliste Carlos Quispe Quispe Le 18 juin 2008 s'est ouvert le procès des assassins présumés de Carlos Quispe Quispe, journaliste de Radio Municipal Pucarani, décédé le 29 mars dans la ville du même nom (département de La Paz, Ouest) après avoir été passé à tabac par des opposants au maire. Six personnes, poursuivies pour “homicide” et “association de malfaiteurs”, étaient présentes sur le banc des accusés : quatre conseillers municipaux - Edwin Huampo Espinoza, Basilio Poma Poma, Rufina Zerna Flores et Nicolaza Cruz Quispe - et deux dirigeants du Comité de vigilance - instance de contrôle municipal - de Pucarani, Julio Quisberth Quispe et Efraín Ticonipa. Des parents de la victime et Jorge Borda, le conseiller juridique de la mairie, qui s'est constituée partie civile dans l'affaire, seront entendus comme témoins. Selon les déclarations de Jorge Borda à Reporters sans frontières, Carlos Quispe Quispe aurait été brutalisé par des membres du Comité de vigilance avec les encouragements des conseillers municipaux mis en cause. Reporters sans frontières considère l'ouverture de ce procès comme un premier pas dans la lutte contre l'impunité et espère que le tribunal de Pucarani établira toutes les responsabilités individuelles et collectives dans l'assassinat du journaliste de Radio Municipal Pucarani. _____________________________ 08.04 - Un journaliste d'une radio municipale succombe à ses blessures, deux jours après l'attaque de la station Reporters sans frontières a appris avec indignation le décès, le 29 mars 2008, de Carlos Quispe Quispe, 31 ans, employé de la station Radio Municipal Pucarani dans la ville du même nom, à une cinquantaine de kilomètres de La Paz (Ouest). Le journaliste a succombé à ses blessures deux jours après une violente attaque de son média par des opposants au maire, Alejandro Mamani, dans l'enceinte du gouvernement municipal dont dépend la station. “Carlos Quispe Quispe est le premier journaliste a avoir payé de sa vie un contexte de tensions politiques extrêmement lourd, dont les médias publics ou privés, proches du gouvernement ou de l'opposition, sont devenus les otages. L'attaque contre Radio Municipal Pucarani, qui a entraîné la mort de Carlos Quispe Quispe, a suivi de près celle de deux médias publics, à Sucre, par des groupes radicaux hostiles au gouvernement. Nous espérons qu'une enquête fera rapidement la lumière sur les circonstances de cette tragédie qui doit, plus que jamais, inciter les dirigeants politiques à tenir leur base militante pour éviter le chaos. Cette demande concerne en particulier certains secteurs de l'opposition, dont l'intransigeance prend des proportions dangereuses”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 27 mars 2008, le Comité de vigilance - instance de contrôle municipal - de Pucarani a réuni les dirigeants communautaires de la localité afin de se prononcer sur une éventuelle destitution du maire, Alejandro Mamani, issu du Mouvement vers le socialisme (MAS, au pouvoir), et par ailleurs soupçonné de mauvaise gestion. La session, rassemblant des personnalités de la majorité et de l'opposition, s'est tenue à La Paz en l'absence de l'intéressé. A Pucarani, une poignée de manifestants ont profité du peu de présence dans les locaux du gouvernement municipal pour prendre d'assaut l'édifice, qui abrite les équipements de Radio Municipal Pucarani. “Ils ont détruit la radio, où se trouvait Carlos Quispe Quispe. Ils l'ont roué de coups et l'ont sérieusement blessé. Le croyant mort, ils se sont enfuis au moment où la police est arrivée”, a expliqué à Reporters sans frontières le conseiller municipal José Guillermo Castillo. D'abord admis à l'hôpiital de Pucarani, le jeune journaliste a été transféré le jour même à La Paz compte tenu de la gravité de son état. Décédé le 29 mars des suites de ses blessures, il a été inhumé dans la capitale, le 31 mars 2008. “Nous demandons que notre douleur soit respectée. Nous nous en remettons au gouvernement municipal pour qu'il suive l'instruction du dossier”, a déclaré à l'organisation Juan Quispe Quispe, frère du défunt. L'Association des journalistes de La Paz (APLP) a rendu hommage à “une victime innocente des bagarres politiques pour le contrôle d'une mairie”. Le nouveau porte-parole du président Evo Morales, Iván Canelas, lui-même journaliste de métier, a assuré Reporters sans frontières d'un suivi de l'affaire en haut lieu.
Publié le
Updated on 20.01.2016