Réouverture de la radio La Voz de Bagua après plus d’un an de fermeture abusive

Après plus d’un an de fermeture, le gouvernement péruvien a finalement autorisé, jeudi 19 août 2010, la radio La Voz de Bagua à émettre de nouveau. Accusée par le gouvernement d’avoir soutenu une rébellion dans la région amazonienne de Yurimaguas, qui s’était soldée par une trentaine de morts, la radio avait été fermée sur décision ministérielle en juin 2009. Au cours d’une rencontre avec des représentants des médias, le Premier ministre, Javier Velasquez, a annoncé officiellement que la radio La Voz de Bagua pourrait émettre dès vendredi. ‘‘C’est une décision politique du gouvernement, pour lequel la liberté d’expression est fondamentale’’, a-t-il déclaré. Le directeur de la station, Carlos Flores Borja, s’était entretenu, le 11 août dernier, avec le vice-ministre des Transports et Communications, Jorge Cuba Hidalgo, au sujet des modalités du retour à l’antenne de son média. Mais l’entretien s’était soldée par un échec, le vice-ministre ayant confirmé le maintien de la fermeture du média. Reporters sans frontières se félicite de cette décision intervenue après plus d’un an de mobilisation des médias péruviens et internationaux. Elle ne doit cependant pas occulter les intimidations du gouvernement, qui ne cesse de menacer les médias locaux de fermeture, notamment quand ils osent donner la parole aux minorités indigènes. ---------------------------- 16.08.10 - Un membre du gouvernement inflige un camouflet au directeur de la radio La Voz, abusivement fermée depuis plus d’un an Attendu à Lima le 11 août 2010, le directeur de la station La Voz de Bagua, Carlos Flores Borja, devait s’entretenir avec le ministre des Transports et Communications, Enrique Cornejo, des modalités du retour à l’antenne de son média, suspendu depuis juin 2009. Le vice-ministre, Jorge Cuba Hidalgo, qui a finalement reçu le directeur de la radio, a confirmé le maintien de la fermeture de La Voz de Bagua. En mai dernier, le président de la République, Alan García, avait pourtant promis d’intercéder en faveur de la station. La Voz de Bagua vu sa licence de diffusion révoquée par un décret ministériel du 8 juin 2009 . Le ministère des Transports et Communications avait officiellement invoqué des raisons techniques, alors que la station bénéficiait régulièrement, depuis le 13 mars 2007, d’une autorisation à émettre pour dix ans. En réalité, les autorités reprochent à La Voz de Bagua d’avoir soutenu une rébellion dans la région amazonienne de Yurimaguas, qui s’était soldé par une trentaine de morts, au début du mois de juin 2009. La station avait donné la parole aux protestataires lors de la prise d’otages d’une douzaine de policiers, tout comme l’avaient fait d’autres médias, y compris nationaux. Mercedes Cabanillas, la ministre de l’Intérieur, avait publiquement menacé La Voz de Bagua de fermeture. Les démarches de Reporters sans frontières auprès du ministère des Transports et Communications n’ont jamais reçu de réponse . Outre le traitement discriminatoire infligé à La Voz de Bagua, nous nous élevons contre le procédé consistant à humilier son directeur. Pourquoi avoir fait déplacer de si loin Carlos Flores Borja en lui donnant de faux espoirs ? Pourquoi, surtout, le gouvernement se désavoue-t-il lui-même, quand les intentions du vice-ministre des Transports et Communications contredisent celles le chef de l’État de façon aussi flagrante ? Le meilleur moyen de faire oublier ce lamentable incident serait d’accorder la réouverture de La Voz de Bagua.
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Updated on 20.01.2016