Renforcement de la répression et regain de censure avant l'élection présidentielle

Reporters sans frontières dénonce la répression contre les acteurs de l’information et le renforcement, une nouvelle fois, de la censure. À un mois et demi de l’élection présidentielle, plusieurs net-citoyens et responsables de médias ont été convoqués par le ministère des Renseignements dans le but de leur fournir les lignes de conduite et les interdits à respecter. Le 20 avril 2013, Abdolghafor Ghalandarinejad, collaborateur du site d’informations soufi Majzooban Nor, a été arrêté à son domicile, dans la ville de Bandar Abass (sud du pays), par les agents du ministère des Renseignements. Il a été mis en examen pour “propagande contre le régime”, “collaboration avec le site Majzooban Nor” et “relation avec les médias étrangers”. il a été libéré provisoirement, le 29 avril, dans l’attente de son jugement, Un autre collaborateur du même site, Kasra Nouri, a été condamné le 27 avril , par le tribunal de la ville Shiraz à quatre ans et quatre mois de prison ferme. Le jeune net-citoyen de 22 ans, avait été arrêté le 14 mars 2012, à Shiraz pour “avoir réalisé des interviews avec des médias basés à l’étranger”. Le régime de Téhéran a accentué sa répression contre les Daravish Ghonabadi (une des principales confréries soufies en iran), courant soufi iranien, et particulièrement contre leur site d'information qui dénonce l'acharnement du régime contre cette communauté depuis six ans. Bon nombre de collaborateurs de ce site sont emprisonnés en Iran. Reza Entesari, Hamidreza Moradi, Mostafa Abdi et Alireza Roshan, arrêtés lors de la rafle du 8 septembre 2011 au siège du site à Téhéran, ce dernier, avait été condamné à un an prison ferme. Afshin Karampour, arrêté le 7 septembre 2011 dans la ville de Konar (province du Fars, sud-est du pays) est actuellement en détention à la prison d’Evin. Salehldin Moradi, arrêté 10 septembre dans la ville de Shiraz, est en détention dans la prison d’Adel Abad. Amir islami, Farshid Yadollahi, Mostafa Daneshjo et Omid Behrouzi, avocats de ces net-citoyens, ont été aussi arrêtés et emprisonnés. Par ailleurs, le site Kalameh, proche des réformateurs, indique que les directeurs des principaux quotidiens ont été convoqués par le ministère des Renseignement afin de leur communiquer “les lignes rouges et les interdits” à suivre en vue de la couverture médiatique de l'élection présidentielle du 14 juin. le responsable de la section des médias du ministère, a fait comprendre aux directeurs de journaux que les médias n’auront pas le droit de publier des critiques sur le déroulement de l'élection. Les gardiens de la Révolution et le ministère des Renseignement veilleront donc au bon comportement des médias et n'accepteront aucun écart. Les proches du Guide suprême espèrent tirer parti de cette situation en “autorisant” les critiques ouvertes du gouvernement Ahmadinejad. La lutte politique interne s’intensifie donc à l’approche des échéances électorales. De son coté, le 29 avril, Mohammad Jafar Mohammadzadeh, vice ministre de la culture et l'Orientation islamique, a déclaré “Il faut veiller à ce que les médias ne publient pas d’informations négatives ou démoralisantes sur la situation économique”. ”Le régime souhaite se servir de l’élection du 14 juin 2013 pour renforcer l'autorité du Guide, remise en question publiquement par des millions d’Iraniens depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin 2009. Mais sans une presse libre, et lorsque 52 journalistes et net-citoyens sont détenus dans le pays, on ne peut pas parler d'élection libre. Cette élection devrait être une chance pour le pays de sortir de la crise qui l’a profondément paralysé, mais le Guide suprême et les gardiens de la Révolution ne font qu’aggraver la situation et priver les iraniens d'un choix libre et informé”, a déclaré Reporters sans frontières. Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris la libération, le 15 avril 2013, d’Ali Akbar Javanfekr et Fariborz Rais Dana.
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Updated on 20.01.2016