Rencontre vaine entre les représentants des médias et les autorités

Reporters sans frontières dénonce l’attitude des autorités bélarusses à l’encontre des journaux indépendants traitant de politique et de société. Ils sont huit depuis l’automne 2009 à s’être vu refuser l’accréditation nécessaire à leur activité légale. Ne comprenant pas les motifs de ces refus répétés, trois fondateurs de journaux concernés ont rencontré, le 12 mai 2010, la vice-ministre chargée de l’Information. Ils l’ont exhortée à organiser une table ronde, ce que Lilya Ananich a refusé lors d’une rencontre qualifiée de « décevante » par les journalistes. Reçus un par un par la vice-ministre, et non de manière collective, Vadzim Barshcheuski (Nash Dom, journal de Vitsebsk), Siarhei Balay ( Khimik : Dva Goroda, Navapolatsk) et Uladzimir Shyla (Soligorsk Plus, Salihorsk) ont plaidé la cause de leur publication, en vain. Cette rencontre pouvait s’apparenter à un geste de bonne volonté de la part des autorités. Il n’en est malheureusement rien. Son issue démontre, si nécessaire, que le pouvoir local n’est pas prêt à faciliter l’accréditation des médias, alors qu’il est à l’origine des pressions pour que les titres rentrent dans la légalité. Au contraire, il multiplie les obstacles et s’attache à des éléments triviaux pour refuser aux journaux qui ne lui sont pas favorables le sésame qui leur permettrait de travailler en plein jour. L’une des dernières tactiques semble de recevoir les représentants isolément, dans un but de tractation au cas par cas et d’affaiblissement par la division. Les représentants des médias ne doivent pas fléchir. C’est une solution globale qui doit être trouvée. Les raisons sur lesquelles les autorités s’appuient pour justifier les refus sont de tristes prétextes. Alors que Khimik : Dva Goroda s’apprête à faire sa quatrième demande, son rédacteur en chef, Siarhei Balay, redoute un nouveau refus. La première accréditation a été retoquée en prétextant que celui-ci n’avait pas la formation universitaire requise pour son poste. La deuxième fois, les fonctionnaires ont rejeté la demande au motif que le journal se déclarait comme parlant de « politique générale », alors qu’il contenait une rubrique « Maison et Jardin ». Le troisième refus est dû à une prétendue insuffisance des critères sanitaires des locaux. Pour Siarhei Balay, le ministère, en n’acceptant des demandes que deux fois par semaine, complique une procédure qui est pourtant assez simple. Le journaliste a déclaré ne rien attendre de cette visite, qu’il voit surtout comme les prémices d’une action commune et concertée à venir. Quant à lui, Uladzimir Shyla rédacteur de Soligorsk Plus s’est déjà vu opposer deux refus d’accréditation. Reçu également par la vice-ministre, il s’est déclaré très déçu par cet entretien, lors duquel cette dernière est restée sourde à ses revendications. Le ministère a refusé de lui accorder son accréditation car l’adresse du journal est ... celle du domicile d’Uladzimir Shyla. Pourtant, cela est autorisé par la loi. Une loi que le ministère respecte scrupuleusement... quand elle sert ses objectifs. Enfin, la vice-ministre a refusé d’aborder le cas de Nash Dom. Le journal a en effet fait appel de la décision rejetant son accréditation. La Cour suprême devrait trancher l’affaire le 20 mai prochain. Pour Reporters sans frontières, il ne fait aucun doute que les motifs des refus sont politiques et ne reposent pas sur des faits concrets qui seraient, eux, recevables et légaux. L’organisation apporte son soutien à l’ensemble des journalistes frappés par ces refus et appelle les autorités du Bélarus à leur accorder l’autorisation tant convoitée. Sans elle, certains journaux tentent de paraître malgré tout, mais sont alors la cible des forces de l’ordre qui ont toute latitude pour saisir les exemplaires à la sortie des imprimeries ou les empêcher de paraître.
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Updated on 20.01.2016