Référendum d'auto-détermination du Sud-Soudan : Reporters sans frontières appelle les autorités à respecter la liberté de la presse

Le 9 janvier 2011, le Soudan connaîtra une étape décisive de son histoire : six ans, jour pour jour, après les accords de paix ayant mis un terme à la guerre civile qui a déchiré le nord et le sud du pays pendant près de vingt ans, les Soudanais du Sud voteront, par référendum, en faveur ou non de la sécession de leur territoire et donc de la partition du pays.


A deux jours de ce scrutin historique, Reporters sans frontières demande aux autorités du Sud-Soudan ainsi qu'au gouvernement de Khartoum de garantir la sécurité des journalistes et le pluralisme de l'information.


Reporters sans frontières avait noté, tout comme la Haut-Commissaire pour les droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, des restrictions à la liberté de la presse pendant l'année 2010, en amont du référendum. Nous espérons que ces atteintes ne vont pas se reproduire.


"Comme lors de nombreuses consultations électorales sur le continent africain, le risque que la liberté d'expression soit bafouée et que les journalistes soient empêchés de travailler sereinement est réel", a déclaré Jean-François Julliard. "Nous rappelons qu'il est du devoir des autorités de garantir le droit de la population d'accéder à une information libre, pluraliste et équilibrée, ainsi que celui des journalistes d'exercer leur métier librement", a-t-il poursuivi.


Ce référendum se tient dans un fort climat d'incertitude, les populations hésitant entre espoir de jours meilleurs et peur du lendemain. Certains observateurs craignent une grave crise humanitaire, voire une guerre civile, à l'issue du scrutin. Après avoir affirmé qu'il refuserait la partition du pays, le président Omar el-Béchir a promis de respecter les résultats du vote et d’"aider" le Sud-Soudan à s’établir en Etat "sûr et stable" en cas de sécession. Reporters sans frontières espère que le vote se déroulera paisiblement, dans le respect le plus total des droits de l’homme, de la démocratie et de la liberté de la presse.


Le Soudan se situe à la 172e place, sur 178 pays, dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Les fausses promesses du président Omar El-Béchir sur la levée de la censure préalable sur la presse écrite, les suspensions de certains titres privés, la surveillance de nombreux professionnels de l'information à Khartoum et dans le reste du pays, ainsi que les arrestations de journalistes et leurs mauvaises conditions de détention expliquent ce mauvais classement.


Trois journalistes du quotidien d'opposition Rai al-Chaab (L'Opinion du Peuple), Abuzar Al Amin, Ashraf Abdelaziz et Altahir Ibrahim (alias Altahir Abugawhara), sont détenus depuis février 2010. Un autre, Gafar Alsabki Ibrahim, du journal indépendant Alsahafa, est privé de liberté depuis début novembre 2010. Plus d'informations


Crédit photos : AFP

Publié le
Mise à jour le 31.05.2016