Recrudescence des violences à l'encontre des médias depuis un mois

Reporters sans frontières s'inquiète de la récente multiplication des attaques à l'encontre des journalistes népalais. Ces nombreuses atteintes à la liberté de la presse incluent la destruction par le feu de plusieurs milliers de journaux, et de multiples agressions de journalistes par des militants, des officiels et des représentants des forces de l'ordre. Ces dernières se sont rendues responsables de brutalités contre le journaliste Bimal Bista, qui a été détenu pendant 48 heures. "Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que, depuis la mission internationale d'observation réalisée en février 2009, les attaques, les menaces, et les harcèlements subis par les médias se poursuivent. Alors que les principaux partis politiques avaient pris des engagements clairs en faveur de la liberté et de la sécurité des journalistes, force est de constater qu'aucun de ces engagements n'a été respecté et que les partis politiques font peu de cas des journalistes. Les autorités, particulièrement le Parti maoiste au pouvoir, doivent désavouer et sanctionner de tels actes", a affirmé l’organisation. Violences des membres de la police Le 23 août 2009, des membres de la police du district de Doti (Ouest) ont frappé le journaliste Bimal Bista avant de le placer en détention sans aucun chef d'accusation. Le journaliste, et correspondant pour le Samachar patra, était en train d'enquêter sur des querelles opposant des habitants de la ville, quand des policiers l'ont arrêté et contraint de prendre place dans un véhicule dans lequel ils l'ont frappé. Le 16 août 2009, le trésorier de la Fédération des journalistes népalais (FNJ) à Bara, Jaya Narayan Yadav, et le reporter de Sagarmatha Television, Ramesh Subedi, ont été brutalisés par le vice-commissaire de Police (DSP) des services de renseignements du gouvernement ( National Investigation Department), Ram Prasad Das, dans le bureau de ce dernier. Le vice-commissaire, qui n'aurait pas apprécié un article négatif le concernant, s'en serait pris aux journalistes venus pour effectuer un reportage. Violences des partis politiques Le même jour, à Rajbiraj, capitale du district de Saptari (Sud-Est), des militants du Madhes Tarai Forum (MTF) ont incendié les journaux transportés par un véhicule de Kantipur Publications. Environ 15 000 exemplaires de trois publications de langue népali, The Kathmandu Post, Kantipur, et Nepal Weekly, ont été brûlés dans la rue. Le président de la branche locale du Madhes Tarai Forum, Shyam Narayan Yadav, a admis être à l'origine des faits. Selon ses propos, relayés dans la presse, les journaux n'auraient pas pris en compte les revendications de son groupe. D'après le Himalayan Times, Shyam Narayan Yadav cherche à instaurer le hindi comme langue officielle de la région du Terai. Le 1er août 2009, dans le district de Makawanpur (Nord), des membres de la section locale du parti au pouvoir, le Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié (CPN-UML), ont empêché plus d'une douzaine de journalistes venus, sur son invitation, couvrir les stages de cadres locaux du parti. Le 11 août, des officiels du Tarai Madhes Democratic Party (TMDP) ont pris à partie des professionnels de la presse alors qu'ils couvraient des échauffourées entre les cadres du parti et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ganesh Nepali. Au cours de l'incident, les manifestants ont notamment saisi la cassette vidéo d'un cameraman, et malmené les journalistes Prakash Chandra Pariyar, Anil Chhetri et Bhuwan KC de Kantipur TV. Il ne se passe quasiment pas un jour au Népal sans qu'on enregistre ce type d’attaque. En 2008, la Fédération des journalistes népalais (FNJ) avait comptabilisé 342 violations de la liberté de la presse, avec une augmentation significative d’attaques physiques sur les journalistes et les locaux des médias.
Publié le
Updated on 20.01.2016