Radio Globo, une des principales voix de l’opposition du Honduras dans le collimateur de la justice

La Cour suprême de justice a déclaré recevable une plainte pour injures et diffamation déposée par l’avocate Sonia Inéz Gálvez à l’encontre de David Romero Ellner, directeur de Radio Globo. Ce dernier encoure une peine de prison et Radio y TV Globo, un des média d’opposition les plus écoutés du pays depuis le coup d’état en 2009, risque la fermeture. L’avocate Sonia Inéz Gálvez affirme que le journaliste David Romero Ellner, ainsi que ses collègues Ivis Alvarado, Rony Martínez et César Silva, l’ont insultée au cours d’émissions de Radio y TV Globo et porté atteinte à sa réputation. Sonia Inéz Galvéz prend pour prétexte une affaire déjà jugée qui l’avait opposé David Romero Ellner en 2002. La Cour suprême a accepté la plainte uniquement pour ce dernier, qui risque jusqu’à 15 ans d’incarcération, ainsi que la suspension de son média. Le journaliste avait dénoncé dernièrement que Sonia Inéz Galvez, qui se trouve être l’épouse du Procureur général de la République adjoint, aurait fait usage de son influence pour faire pression sur le ministère public (entité chargée de l’instruction), en vue d’obtenir sa condamnation. Quelques jours avant qu’elle n’engage une procédure contre lui, David Romero Ellner avait signalé être menacé par des individus suspects et avait rendu Sonia Galvez responsable de ces intimidations. Une demande de protection a été sollicitée auprès de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CONADEH). “Nous demandons l’abandon immédiat des charges à l’encontre de David Romero Ellner, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Alors que l’autocensure sévit déjà parmi les journalistes, qui osera encore s’élever en voix critique ? La fermeture d’un des principaux médias d’opposition du Honduras représenterait une grave entrave à la liberté de l’information.” Ce procès porte un coup de plus à la situation déjà critique de la liberté de l’information dans le pays, cinq ans après le coup d’État perpétré le 28 juin 2009. Dans la capitale, Radio Globo avait alors été parmi les premières à subir les assauts des putschistes, de même que Radio Progreso dans le nord du pays et que Canal 36 Cholutelsat-Sur dans le sud. L'actuelle offensive contre Radio Globo survient quelques jours après que le 9 aout dernier un tribunal ait condamné à 5 ans de prison le lieutenant colonel José Arnulfo Jiménez qui avait dirigé la fermeture violente du Canal 36 lors du coup d’État. L’ouverture du débat à la société civile - auquel Radio y TV Globo n’avait d’ailleurs pas été convié - sur le projet de loi pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes, des communicateurs sociaux et de opérateurs de justice actuellement discutée au Congrès fait pâle figure par rapport au renforcement du contrôle de l’information et à l’escalade de la violence envers les collaborateurs des médias. Le directeur de la chaîne de télévision Canal 20 Dagoberto Díaz, tué par balles le 23 août 2014 à Danli (province d’El Paraíso) est le huitième collaborateur de médias assassiné depuis janvier 2014. Deux semaines seulement auparavant, le 19 août, le journaliste Nery Francisco Soto a également été abattu. Le Honduras est 129ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse élaboré par Reportes sans frontières.
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Updated on 20.01.2016