Quatre rédacteurs en chef condamnés à un an de travaux forcés pour “diffusion de fausses informations ayant nui à l'intérêt général du pays”

Le tribunal correctionnel d'El-Agouza a condamné en première instance, le 13 septembre 2007, quatre rédacteurs en chef à un an de travaux forcés pour “ diffusion de fausses informations ayant nui à la réputation et à l'intérêt général du pays” et “diffamation”, suite à une plainte déposée en 2006 par un membre du NDP, le parti au pouvoir. Ils ont également été condamnés à une amende de 20 000 livres égyptiennes, l'équivalent de 2600 euros, le maximum prévu par la loi, et 10 000 livres de dommages et intérêts. “Nous assistons aujourd'hui à une véritable campagne de répression contre les publications indépendantes alors que celles-ci avaient connu, ces dernières années, un relatif répit. Une fois de plus, ce sont les mêmes journalistes, connus pour leur critique du gouvernement, qui sont dans la ligne de mire du pouvoir”, a déclaré l'organisation. Le 15 septembre 2006, quatre plaintes pour diffamation avaient été déposées par Ibrahim Rabe'a Abdel-Rasoul, avocat membre du NDP, contre Ibrahim Issa de l'hebdomadaire Al-Doustour, Adel Hammouda, de l'hebdomadaire Al-Fagr, Wael Al-Abrashi, du journal indépendant Saout Al-Oumma, et Abdel-Halim Qandil, de l'hebdomadaire Karama. Ils étaient accusés d'avoir diffamé le président Hosni Moubarak, son fils Gamal, vice-secrétaire général du parti, ainsi que le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, dans des articles publiés entre juillet et septembre 2006. Si le tribunal n'a pas retenu l'accusation d'”offense au président”, le juge Sherif Ismael a cependant estimé que les quatre journalistes avaient diffamé le Parti national démocratique et ses dirigeants, et avaient “nui à l'intérêt général en publiant de fausses informations“, en vertu des articles 188, 302, 303 et 306 du code pénal. Les quatre rédacteurs en chef devront s'acquitter d'une caution de 10 000 livres égyptiennes, l'équivalent de 1300 euros. Ils disposent de 10 jours pour faire appel. Le Syndicat des journalistes égyptiens a dénoncé cette “déclaration de guerre contre la liberté de la presse” et exigé l'abrogation de toutes les lois égyptiennes permettant de telles condamnations. Le nouveau code de la presse, adopté en 2006, ne contient pas moins de 35 délits de presse passibles de peines de prison. Alors que la question de la succession d'Hosni Moubarak ne cesse de se poser, il est devenu très difficile pour les journalistes de critiquer le Président ou son entourage proche. Ibrahim Issa est actuellement poursuivi, en vertu des articles 102 bis et 188 du code pénal, par le parquet de la sécurité de l'Etat pour « diffusion de fausses nouvelles sur l'état de santé du Président pouvant causer des troubles à l'ordre public et nuire à la réputation du pays ». Son procès doit s'ouvrir le 1er octobre 2007.
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Updated on 20.01.2016