Quatorze journalistes détenus au Yémen, dont 13 otages

Au moins quatorze journalistes yéménites sont actuellement privés de liberté toutes zones confondues. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de ce nombre toujours très élevé d’otages et de prisonniers et demande leur libération immédiate.

Sa vie a basculé il y a sept mois jour pour jour. Le 20 juin dernier, le correspondant à Sanaa pour la chaîne Al-Kawthar et Radio Tehran Kamel Almamari a été enlevé par les rebelles Houthis. Le journaliste est actuellement détenu dans la prison de sécurité politique de la capitale, contrôlée par le groupe, et est accusé de “communication avec des pays étrangers”. Comme lui, au moins 11 autres journalistes sont actuellement détenus par les Houthis.


Quatre d’entre eux ont été condamnés à mort en avril 2020 : Abdul-Khaliq Amran, Tawfiq Al-Mansouri, Akram Al-Walidi, Hareth Homaid. Enlevés en 2015, ils travaillaient pour des médias proches du parti Islah, lié au gouvernement (reconnu par la communauté internationale) et en guerre contre le mouvement chiite. Depuis des mois, ils attendent, en vain, l’annulation de cette sentence auprès du pouvoir local.


Le groupe Al-Quaïda détient aussi un otage. Le journaliste Mohamed Al-Moqri est porté disparu depuis son enlèvement en octobre 2015 dans la province de l’Hadramout.


Il est inacceptable qu’autant de journalistes continuent d’être les otages d’une guerre dont ils ne sont pas parties prenantes, déplore la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. D’un côté, les Houthis continuent de garder les journalistes captifs pour s’en servir de monnaie d’échange avec les autres parties en conflit. De l’autre, le gouvernement reconnu par la communauté internationale invoque des motifs montés de toutes pièces et dignes de régimes autoritaires pour faire taire les journalistes qui dénoncent la corruption. Dans un cas comme dans l’autre, il est urgent de leur rendre la liberté qu’ils n’auraient jamais du perdre.


Ces dernières semaines, les autorités officielles et le Conseil de transition du sud (CTS, qui contrôle la province d’Aden), ont multiplié les interpellations et les perquisitions. Les journalistes qui dénoncent la corruption des dirigeants sont particulièrement vulnérables. Une journaliste indépendante, Hala Fuad, est ainsi détenue depuis décembre 2021 à Al-Moukalla, contrôlée par le gouvernement central, officiellement pour “implication dans une cellule terroriste”. Les menaces touchent même les journalistes en exil, comme en témoignent les propos tenus par des responsables militaires à l’encontre de trois d’entre eux.


Le Yémen occupe la 169e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.

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Mise à jour le 20.01.2022