Quand l’information paye le prix des affaires politico-économiques

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la fermeture arbitraire d’une radio privée à Goma dans le Nord-Kivu par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) qui invoque un prétendu brouillage des ondes des voies aériennes. La populaire radio privée du Nord-Kivu, Mishapi Voice TV, a été forcée de suspendre ses émissions après que les responsables de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) ont confisqué son émetteur, le 23 mars dernier à Goma. L’ARPTC prétend que la fréquence de la station interfère avec celles de la régie des voies aériennes (RVA), c’est-à-dire la tour de contrôle de l’aéroport de Goma. Ils ont donc tout simplement démonté l’émetteur de la radio. “Reporters sans frontières dénonce la fermeture arbitraire de la radio Mishapi Voice TV, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de l’organisation. Ce n’est pas à l’ARPTC que revient cette prise de décision mais au procureur de la République qui aurait dû être saisi de l’affaire. Dans l’éventualité où les ondes de la radio interfèreraient avec celles de la RVA, pourquoi l’ARPTC ne lui attribue t-elle pas une nouvelle fréquence au lieu de demander sa fermeture ou d’exiger que la radio rachète une fréquence ? Les éléments de cette affaire laissent penser qu’il s’agit ici d’un règlement de compte politico-financier. Malheureusement, les victimes ici sont les populations de Goma et de ses environs qui sont privées de l’information et les journalistes de la radio qui ne peuvent plus travailler. Nous demandons à l’ARPTC qu’elle cesse ses interférences indues et permette à Mishapi Voice TV d’émettre à nouveau”. Cet ordre de fermeture intervient alors que le propriétaire de Mishapi Voice TV, Adelard Mineene, un homme d’affaires de la province est aux prises avec la justice au sujet de la faillite d’une société de microfinance dont il était le gérant et dans laquelle seraient impliqués des hauts officiels de la province. La fermeture de la radio pourrait en fait être un moyen de pression contre lui dans cette même affaire. Hypothèse étayée par le fait que l’ARPTC a suggéré que la radio rachète une fréquence pour la somme de 25,000 USD, un coût que la radio avait déjà endossé lors de l’attribution de sa fréquence en 2012. La République démocratique du Congo occupe la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016