Quand le régime des mollahs emprisonne les femmes journalistes

Lire en persan Reporters sans frontières exprime son indignation après l’arrestation de deux journalistes et cyberdissidentes, Jila Bani Yaghoob et Shiva Nazar Ahari. Condamnées injustement par les tribunaux révolutionnaires, respectivement à un an et quatre ans de prison ferme, elles sont détenues depuis les 2 et 9 septembre 2012. Elles rejoignent les trois autres professionnelles des médias emprisonnées à ce jour dans le pays. La République islamique d’Iran détient le triste record mondial des condamnations de femmes journalistes et blogueuses. Depuis le 12 juin 2009, date de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, plus de cinquante-sept d’entre elles ont été arrêtées et condamnées par les tribunaux de la révolution à des peines allant de six mois à sept ans de prison ferme. Shiva Nazar Ahari, jeune cyberdissidente Shiva Nazar Ahari, activiste des droits de l’homme de 27 ans, a été arrêtée le 8 septembre, suite à une convocation à la prison d’Evin, pour purger une peine de quatre ans prison ferme. Directrice du site Azad Zan (Libération de la femme), la jeune cyberdissidente avait déjà été arrêtée le 14 juin 2009 et détenue pendant cinq mois le 20 décembre 2009. Elle avait été libérée le 12 septembre 2010 contre le versement d’une caution de 500 millions de tomans (environ 400 000 euros), dans l’attente de la tenue de son procès en appel. La 36e chambre du tribunal d’appel, le 28 janvier 2011, a condamné cette journaliste à quatre ans de prison et 74 coups de fouets, pour “complot en réunion contre la sécurité nationale” et “propagande contre le régime”. Jila Bani Yaghoob, pionnière du journalisme Jila Bani Yaghoob exerce sa profession depuis 1994. Elle a collaboré avec de nombreux journaux réformateurs, aujourd’hui suspendus. Elle a également couvert le Liban, l’Afghanistan et l’Irak. La journaliste a plus de 3000 publications à son actif. Elle a été arrêtée à plusieurs reprises au cours de sa carrière et a fait l’objet d’intimidations et de harcèlement par les autorités iraniennes en raison de sa couverture de sujets sensibles, notamment la question de la discrimination des femmes en Iran, ainsi que des manifestations et contestations sociales et politiques. En 2010, Jila Bani Yaghoob a été récompensée dans la catégorie “Reporters sans frontières, Liberté d’expression”, pour son blog “We are journalists”, à l’occasion de la sixième édition du concours international “Best of the Blogs”, organisé à Berlin par la Deutsche Welle. En 2009, elle avait reçu le prix “Courage in Journalism Award” de la fondation américaine “International Women's Media Foundation” et le prix “International Press Freedom Award” de l’organisation “Canadian Journalists for Freedom of Expression”. Jila Bani Yaghoob a été écrouée le 2 septembre dernier, suite à une convocation, à la prison d’Evin, pour purger une peine d’un an de prison ferme. La journaliste avait été arrêtée avec son mari Bahaman Ahamadi Amoee, également journaliste, le 20 juin 2009. Elle avait été libérée le 24 août 2009 contre le versement d’une caution dans l’attente de son jugement. Son mari, lui, avait été condamné à cinq ans de prison pour ses articles critiques à l’égard du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad. Alors que son époux était toujours en détention, la 54e chambre du tribunal de Téhéran avait condamné la cyber-dissidente, le 22 octobre 2010, à un de prison ferme et trente ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste. Deux couples de journalistes détenus La détention de ce couple n’est pas un cas isolé. En effet, la journaliste Mahssa Amrabadi, purgeant une peine de deux ans de prison ferme, depuis le 9 mai 2012, est également en prison en même temps que son époux, Masoud Bastani, journaliste au quotidien Farhikhteghan. En détention depuis le 4 juillet 2009, il a été condamné à six ans de prison après avoir été jugé dans le cadre des procès “staliniens” organisés à Téhéran, le 1er novembre 2009. Il a bénéficié, le 9 septembre 2012, d’une permission de sortie de prison pour traitement médical. Il a demandé à pouvoir rendre visite à son épouse. Jila Bani Yaghoob et Mahssa Amrabadi sont détenues à la prison d’Evin, tandis que leurs époux ont été écroués à la prison de Rajaishahr, l’une des plus dures d’Iran, en raison des nombreux cas de tortures, de viols et de meurtres qui y sont recensés. Ils sont interdits de visite à ce jour.
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Mise à jour le 20.01.2016