Quand le pouvoir veut effacer les traces de la répression

Le 6 avril 2010, plusieurs manifestations ont eu lieu dans le centre du Caire, à l’appel du mouvement du 6-Avril, pour demander la levée de l’état d’urgence, en vigueur en Egypte depuis 1981. Un rassemblement d’une centaine de personnes devant le Parlement a été violemment réprimé par les forces de l’ordre qui ont arrêté des manifestants et s’en sont prises également à des journalistes qui couvraient l’événement. A l’approche des élections législatives de la fin 2010 et de l’échéance présidentielle de 2011, le pouvoir se crispe sur l’émergence de revendications démocratiques. « La violence déployée par les forces de l’ordre pour faire en sorte qu’aucune image ne sorte de cette manifestation est particulièrement inquiétante. Des journalistes ont été délibérément les cibles d’agressions de la part des forces de sécurité. C’est tout simplement inadmissible. Les mouvements de contestation autour du rendez-vous du 6-Avril ne peuvent plus être ignorés par le pouvoir », a déclaré Reporters sans frontières. Quelques jours plus tôt, le mouvement du 6-Avril avait appelé les Egyptiens à se rassembler sur Midan Al-Tahrir, au centre du Caire, à l’occasion du 6 avril, date anniversaire du mouvement de protestation démocratique lancé sur Facebook en 2008. Ce mouvement milite pour des amendements à la Constitution. « Quand je suis arrivé sur Tahrir vers midi, je n’ai pas vu de manifestants, seulement des forces du maintien de l’ordre. Alors je suis remonté vers le Parlement, situé plus haut sur l’avenue Qasr Al-Ayni. Devant les grilles du Sénat, un cordon de forces anti-émeutes encerclait les manifestants. Des policiers en civil ouvraient ce cordon afin d’en extirper violemment les manifestants et des journalistes présents », a déclaré un journaliste à Reporters sans frontières. Un journaliste du quotidien indépendant Al-Masri Al-Youm, Hisham Omar Abdel Halim, a été interpellé, ainsi qu’un journaliste d’Al-Karama et un journaliste freelance étranger. Ce dernier s’est fait confisquer sa carte de presse et son enregistreur. Il a pu les récupérer une demi-heure plus tard, mais sans la carte mémoire. Le directeur du bureau du Caire de la chaîne Al-Jazeera, Hussein Abdel Ghani, a par ailleurs indiqué à l’Agence France-Presse que ses cameramen avaient été fouillés et que leurs films avaient été saisis. De nombreux manifestants ont déclaré que leurs téléphones portables avec lesquels ils avaient pris des photos et fait des vidéos avaient été confisqués. D’après les ONG égyptiennes et internationales, environ quatre-vingt-dix personnes ont été arrêtées. Parmi lesquelles, un journaliste de Egyptian Dream TV. Il aurait été conduit dans un des bâtiments de la sécurité nationale situés à Madinet Nasr, avant d’être libéré.
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Updated on 20.01.2016