Proclamation de l'état de "nécessité nationale" et attaques contre les radios privées : la liberté de la presse est menacée

RSF a écrit au président de la République pour exprimer son inquiétude après la proclamation de l'état de "nécessité nationale". L'organisation appelle les autorités à garantir le pluralisme de l'information.

Mise à jour 27 février 2002 : La radio privée Tsiokavao a été incendiée dans la capitale par des partisans de Marc Ravalomanana. "Nous avons fait cela pour répondre à l'incendie de la radio MBS" ont déclaré à l'Agence France-Presse des manifestants. 26 février 2002 Dans une lettre adressée au président de la République, Didier Ratsiraka, Reporters sans frontières (RSF) s'est inquiétée de la proclamation de l'état de "nécessité nationale" et des conséquences éventuelles pour la liberté de la presse. "La recherche légitime du retour au calme ne doit pas aboutir à une remise en cause de la liberté de la presse dans le pays. Les autorités doivent être particulièrement attentives au respect de pluralisme de l'information", a indiqué Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Par ailleurs, on recense plusieurs cas d'agressions de journalistes ou d'attaques contre des médias privés. Là encore, le chef de l'Etat doit saisir les autorités compétentes afin de permettre aux professionnels de la presse de travailler en toute sécurité dans cette période de crise", a ajouté le secrétaire général. Selon les informations recueillies par RSF, Didier Ratsiraka a proclamé l'état de "nécessité nationale", le 22 février 2002, en réponse à l'auto-proclamation de l'opposant Marc Ravalomanana comme "président de la République". Cette mesure permet au chef de l'Etat d'exercer un contrôle total sur l'information diffusée par les médias et de restreindre la liberté d'expression. Par ailleurs, dans la nuit du 23 février, une dizaine d'hommes encagoulés ont attaqué les locaux de la radio de Marc Ravalomanana Madagascar Broadcasting Service (MBS), à Fianarantsoa (300 km au sud d'Antananarivo). Les bureaux ont été incendiés et trois gardiens de nuit ont été grièvement blessés. Depuis plusieurs jours, des individus non identifiés tenteraient également de pénétrer dans l'enceinte de la MBS à Antsirabe (150 km au sud de la capitale). "Depuis trois jours, nous sommes cloîtrés dans les locaux de la station, car nous craignons pour notre sécurité", a déclaré le rédacteur en chef à un quotidien malgache. Le 20 février, des lycéens en grève ont saccagé, à jets de pierre, les locaux de la station Amoron'i Mania Radio-Television (Art) à Ambositra les Roses (au sud d'Antsirabe). Les élèves protestaient contre la couverture trop partisane de la station, propriété du Premier ministre. Trois jours plus tôt, une équipe de reportage de la MBS avait été agressée à Brickaville (est de la capitale) par des sympathisants du Président Ratsiraka. Enfin, le 2 février, le lieutenant-colonel Coutiti, conseiller technique du ministre de l'Information, avait confisqué le matériel de la radio privée FM 91, à Nosy Be (île dans le nord du pays) et fermé la station. FM 91 est la propriété d'un conseiller provincial partisan de Marc Ravalomanana.
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Updated on 20.01.2016