Procès des manifestants à Téhéran : plusieurs journalistes sur le banc des accusés

Reporters sans frontières exprime sa très profonde inquiétude devant la parodie de procès ouverte le 1er août 2009, à Téhéran, visant les "responsables" et les "participants" aux manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Au moins deux journalistes sont accusés d'avoir participé à l'organisation des manifestations. Ils risquent une peine pouvant aller de cinq ans de prison à la peine de mort. "Une fois de plus, les droits des accusés sont bafoués, les quelques rares avocats de la défense n'ayant eu accès ni au dossier ni à la salle d'audience. Le tribunal révolutionnaire chargé du procès des manifestants ne respecte en rien les normes nationales et internationales. Il ne s'agit pas d'un procès en règle, mais d'une poursuite déguisée des interrogatoires. Nous demandons à l'Organisation des Nations Unies (ONU) de réagir et d'obtenir que le Haut commissariat aux droits de l'homme puisse s'entretenir avec les accusés", a déclaré l’organisation. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le cyberdissident Mohamad Ali Abtahi, responsable du blog www.webneveshteha.com , arrêté le 16 juin, et Mohamad Atryanfar, directeur des journaux Hamshary, Shargh et Shahrvand Emrouz, arrêté le 15 juin, sont accusés par les autorités de faire partie des "responsables" des manifestations de juin dernier à Téhéran. Une dizaine d'autres personnes sont accusées d'avoir participé à ces manifestations et d'avoir pris et diffusé sur Internet des photos ou des images vidéos. Un réquisitoire reprochant aux accusés d'avoir "participé aux émeutes, agi contre la sécurité nationale, perturbé l'ordre public et commis des actes de vandalisme" a été lu par le vice-procureur. Ce réquisitoire citait les aveux extorqués au journaliste de Newsweek, Maziar Bahari, arrêté le 21 juin, et ceux d'un "espion ayant voyagé à Israël". Il pourrait s'agir du blogueur Hossein Derakhshan, dont on est sans nouvelle depuis son arrestation le 1er novembre 2008, et qui, selon sa famille, serait toujours en prison. Interrogé par Reporters sans frontières, Me Saleh Nikbakht, avocat d'une dizaine d'accusés, parmi lesquels Mohamad Ali Abtahi, Mohamad Atryanfar et Maziar Bahari, a déclaré : "Depuis l'arrestation de mes clients, je n'ai jamais eu accès à leur dossier. Jusqu'à 11 heures ce matin, je n'étais pas au courant de ce procès. Je n'ai pas obtenu la permission d'entrer dans la salle d'audience, et le procureur Mortazavi m'a demandé de revenir demain. Selon l'article 135 de la Constitution iranienne, les procès qui se tiennent sans la présence des avocats sont illégaux. Celui-ci n'a donc aucune valeur juridique légale". Depuis le 1er août au matin, une centaine de personnes sont jugées par un tribunal révolutionnaire de Téhéran, pour leur participation supposée à la "révolution de velours" fomentée, d'après les autorités iraniennes, par les Etats-Unis. Les accusés encourent une peine de cinq ans de prison, selon l'agence de presse iranienne Fars News. S'ils sont reconnus coupables d'être des "mohareb" (ennemi de Dieu), ils risquent la peine de mort.
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Mise à jour le 20.01.2016