Première condamnation d'un caricaturiste depuis l'amendement du code pénal

Le 31 décembre, Ali Dilem, caricaturiste du quotidien Liberté, a été condamné par le tribunal d'Alger à une amende de 20 000 dinars (environ 240 euros) pour un dessin sur l'assassinat du président Boudiaf (voir ci-dessous). Reporters sans frontières s'inquiète de cette condamnation d'un caricaturiste, une première depuis l'amendement du code pénal en mai 2001 rebaptisé alors "amendement Dilem". Cette décision démontre clairement la volonté des autorités d'intimider les journalistes qui font preuve d'impertinence. Et constitue une menace à la liberté de ton qu'adoptent bon nombre de titres de la presse algérienne. Ali Dilem était poursuivi par le ministère de la Défense pour un dessin paru le 16 janvier 2002 sur l'assassinat du président Boudiaf. La publication a été condamnée à 10 000 dinars (environ 120 euros). Le caricaturiste est poursuivi pour deux autres dessins suite à des plaintes du même ministère : l'un paru le 29 novembre 2001 sur le Téléthon et un second, paru le 15 janvier 2002, sur Mohamed Lamari, le chef d'état-major des armées. "Cette condamnation est une grave atteinte à la liberté d'expression et à son support le plus sensible qui est la caricature. Le juge aurait dû faire preuve de davantage de clémence", a déclaré à Reporters sans frontières l'avocat d'Ali Dilem, Khaled Bourayou. Ce dernier a fait appel de la décision. L'article 144 bis du code pénal prévoit des peines de deux à douze mois de prison et de lourdes amendes contre toute "atteinte au président de la République en termes contenant l'injure, l'insulte ou la diffamation (…)". Toutes ces sanctions sont également applicables quand les délits sont commis à l'encontre du "Parlement ou de l'une de ses deux Chambres, ou de l'ANP (l'Armée nationale populaire)".
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Mise à jour le 20.01.2016