Plusieurs journalistes gravement malades, toujours détenus à la prison d’Evin

Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par les conditions de détention indignes dans lesquelles sont maintenus les prisonniers d’opinion aujourd’hui en Iran, parmi lesquels de nombreux journalistes. Alors qu’ils sont malades, très affaiblis physiquement et psychologiquement, ils sont détenus arbitrairement. « La vie de nombreux journalistes est aujourd’hui en danger. Emadoldin Baghi, Badrolssadat Mofidi, Mehdi Mahmudian et Mohammad Sadegh Kabovand sont gravement malades. Nous demandons leur libération définitive et sans condition. Nous appelons les autorités iraniennes à agir afin de ne pas continuer à exposer ces vies. Nous les tiendrions pour responsables s’il leur arrivait malheur », a déclaré Reporters sans frontières. Le 30 mars, Fatemeh Kamali Ahmad Sarai, après avoir rendu visite à son mari, Emadoldin Baghi, à la prison d’Evin, a déclaré qu’il avait été victime, le 18 mars 2010, d’un malaise respiratoire. Hospitalisé à Téhéran, il a regagné la prison d’Evin dans la soirée. Emadoldin Baghi, 46 ans, a été arrêté le 28 décembre à Téhéran. Journaliste et fervent militant de la lutte contre la peine de mort, il a été emprisonné à plusieurs reprises depuis l’année 2000. Pendant son dernier séjour en prison, il a été plusieurs fois hospitalisé. Malgré le versement d’une importante caution, il n’a pas eu le droit de passer le nouvel an avec sa famille le 21 mars dernier. La famille de la journaliste Badrolssadat Mofidi, secrétaire générale de l’Association des journalistes, a dénoncé la situation critique dans laquelle se trouve aujourd’hui la journaliste. « Elle souffre de problèmes cardiaques. On lui a administré des tranquillisants assez puissants. Les interrogatoires causent chez elle de fortes tensions », a déclaré une de ses filles, après une visite à la prison d’Evin. Collaboratrice pour plusieurs journaux réformateurs, Badrolssadat Mofidi a été arrêtée le 28 décembre 2009. Elle est toujours incarcérée dans la section 209 de la prison d’Evin. Mehdi Mahmudian, journaliste par qui le scandale du centre de détention de Kahrizak a éclaté, est quant à lui détenu depuis sept mois. Il a pu informer sa famille, par téléphone, qu’il avait été victime d’une crise d’asthme. Il a également fait plusieurs malaises et a déjà perdu connaissance dans sa cellule. Mohammad Sadegh Kabovand, journaliste et président de l’Organisation de défense des droits de l’homme au Kurdistan, est incarcéré depuis juillet 2007. Depuis, il a été victime, à plusieurs reprises, de malaises dans sa cellule. Privé de soins, son état de santé est préoccupant. Les autorités pénitentiaires ont systématiquement refusé toute demande de permission. D’autres journalistes souffrent de problèmes de santé. On peut citer les exemples de Henghameh Shahidi, d’Issa Saharkhiz, de Nader Karimi ou encore du cyberdissident Mojtaba Lotfi, condamné à quatre ans de prison et à cinq ans de bannissement pour “diffusion d’opinions du grand ayatollah Montazeri” et de “publicité contre le régime”.
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Mise à jour le 20.01.2016