Plusieurs journalistes agressés après avoir couvert une affaire de corruption

Reporters sans frontières est scandalisée par les agressions et les menaces dont ont été victimes plusieurs journalistes, parmi lesquels un reporter du quotidien Thanh Nien (La Jeunesse) et un autre de l'hebdomadaire Doi Song Phap Luat (Vie et Loi) depuis la semaine du 20 mars 2006 à Hanoi. Ils enquêtaient sur une affaire de corruption impliquant Bui Tien Dung, le directeur général de l'entreprise d'infrastructures PMU18 qui appartient au ministère vietnamien des Transports. Le directeur de cette entreprise aurait détourné plus de sept millions de dollars (presque 6 millions d'euros) des fonds de l'Aide étrangère au développement (ODA, Official Development Assistance) pour parier sur des matchs de football européens. « Nous prenons acte des engagements des autorités à renforcer la sécurité des journalistes et nous leur demandons de s'assurer que la police identifie les coupables de ces violences », a déclaré Reporters sans frontières. Le 23 mars 2006, un journaliste du quotidien Thanh Nien a été agressé alors qu'il prenait des photos de l'arrestation de Nguyen Mau Thon, un cadre de la société écran Viet Hoa chargée de gérer l'argent détourné par Bui Tien Dung. Les agresseurs - de jeunes hommes soupçonnés d'agir à la solde du directeur de l'entreprise - ont frappé le reporter à coups de coude dans l'estomac et lui ont écrasé la tête par terre. Ils l'ont empêché de photographier l'arrivée sur place du vice-ministre des Transports, Nguyen Viet Tien, également accusé d'avoir couvert ces détournements. «Il est fort probable qu'une puissance véreuse est derrière cette affaire et paye ces gangs pour malmener les journalistes et les empêcher de faire leur travail », a déclaré Tien Thanh, le rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Doi Song Phap Luat, dont un journaliste a également été agressé. Ce dernier a été frappé au visage alors qu'il essayait de photographier le directeur adjoint de l'entreprise, Vu Manh Tien. Son appareil lui a été volé. « Les journalistes sont très en danger dans cette affaire », a-t-il affirmé. La police a engagé des poursuites contre ces « délinquants», dont certains stationnent devant les domiciles de Bui Tien Dung et d'autres personnalités impliquées dans cette affaire afin de dissuader les journalistes de faire leur travail. Elle a, par ailleurs, assuré au quotidien Thanh Nien qu'un dispositif de sécurité sera déployé autour des commissariats où les personnalités impliquées dans cette affaire, dont le vice-ministre des Transports, sont entendues.
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Updated on 20.01.2016