Plusieurs centaines de journalistes tunisiens manifestent leur mécontentement devant la Kasbah de Tunis.

Suite à l’appel lancé par le Syndicat national des journalistes (SNJT), plus de 300 journalistes et membres de la société civile ont manifesté devant la Kasbah, siège du gouvernement tunisien, le 9 janvier 2012. Ils ont condamné les violences policières et appelé au respect de la liberté d’expression comme droit fondamental. Ils ont protesté contre les récentes nominations à la tête des médias publics. Une contre-manifestation organisée par des sympathisants d’Ennahda, soutenait les actions menées par le gouvernement d’Hamadi Jebali. “A l’heure où le parti Ennahda accuse les médias de ne pas être en phase avec les aspirations populaires, nous nous interrogeons sur les réelles motivations de ces nominations. Les liens avec l’ancien régime de Ben Ali des personnes choisies à des postes clés, ne favorisent pas la rupture avec l’ancien système médiatique inféodé au pouvoir politique et jette le doute sur une volonté de main mise de ces médias par les dirigeants actuels”, a déclaré Reporters sans frontières. “Jamais au temps de Ben Ali, les autorités ne sont ouvertement intervenues dans les nominations des rédacteurs en chef et directeurs de l'information. C’est à l’HAICA, l’instance audiovisuelle qui aurait du être créée d’après l’article 19 du décret loi n°2011-116 du 2 novembre 2011, que revenait la responsabilité de proposer les noms des PDG des médias publics au Premier ministre. Dans le cas présent, prétextant la vacance des postes, le Premier ministre a nommé lui-même ces dirigeants. Le Premier ministère avait annoncé dans un communiqué publié le 7 janvier 2011 la nomination des hauts responsables des médias publics tunisiens sans concertations ni appels à candidature, ce qui avait provoqué la surprise et l’incompréhension chez les professionnels du secteur. Lors d’une interview diffusée par la Télévision publique nationale, le 27 décembre 2011, le Premier ministre, Hamadi Jebali, s’était pourtant engagé à ne pas prendre de décisions relatives au secteur médiatique sans consulter les parties concernées. Le lundi 9 janvier, une délégation du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a été accueillie au Premier ministère, où elle a rencontré Abderrazak Kilani, ministre, chargé des relations avec l’Assemblée nationale constituante, et Ridha Kazdaghli, chargé de l’information et de la communication au Premier ministère. Nejiba Hamrouni, président du SNJT, a dénoncé ces nominations “anarchiques”. De son coté, Kamel Laabidi président de l’Instance nationale pour la réforme de l’information (INRIC), a regretté ne pas avoir été consulté pour ces nominations. L’instance, mise en place après la révolution, s’est dite “surprise par les nominations annoncées”. Arguant de l’urgence de la situation, le Premier ministère, a rappelé que la vacance de plusieurs postes clés (TAP, SNIPE, Etablissement de la télévision nationale tunisienne) justifiait, selon lui, la rapidité des nominations administratives et a assuré que celles des rédacteurs en chef et directeurs de l’information seraient annulées. Le principe des élections au sein des médias sera désormais appliqué pour ces fonctions. Il n’en reste pas moins que parmi les dirigeants récemment nommés, on retrouve des figures de l’ancien régime et notamment, Mohamed Néjib Ouerghi, directeur et rédacteur en chef du journal Le Renouveau, organe de presse du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), entre 2003 et 2010, puis PDG de l’agence Tunis Afrique Presse (TAP) de 2010 à 2012. Mohamed Néjib Ouerghi vient d’être nommé au poste de Président Directeur Général de la Société nouvelle d'impression, de presse et d'édition (SNIPE) et directeur des journaux La Presse et Essahafa. Chargé de mission à la Kasbah entre 1990 et 2010 et promu chef de cabinet du Premier ministre en février 2010, Mohamed Taïeb Youssefi est nommé Président Directeur Général de l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP). Les journalistes de l’Agence TAP ont organisé lundi un sit in devant les locaux de l’agence pour protester contre la nomination de leur nouveau PDG. Adnène Khedr, ancien directeur de la première chaîne nationale, est nommé Président Directeur Général de l'Etablissement de la télévision tunisienne.
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Updated on 20.01.2016