Plus de 20 exactions contre des médias et des journalistes depuis le début de l’année

Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté les attaques et autres formes d’intimidation incessantes perpétrées à l’encontre des professionnels des médias en Libye. Ces derniers sont devenus, depuis la fin de la révolution et contre toute attente, une cible de plus en plus fréquente des différents groupes armés qui sévissent dans le pays. Depuis le début de l’année 2014, l’organisation a recensé près d’une vingtaine d’exactions contre des médias et des journalistes libyens, dans les trois grandes régions du pays. Reporters sans frontières exhorte les autorités libyennes à mettre en place tous les moyens nécessaires pour que des enquêtes indépendantes et impartiales soient menées et que les auteurs de ces actes soient traduits en justice. Ces exactions ne doivent rester pas impunies. Le climat d’insécurité qui prévaut aujourd’hui en Libye affecte singulièrement les acteurs de l’information dont le rôle, d’une manière générale, mais tout particulièrement en période électorale, s’avère plus crucial que jamais. Menaces continues, détentions arbitraires, enlèvements, agressions et attaques armées n’ont fait que s’accroître depuis la fin de la Révolution libyenne. Ils sont devenus des moyens courants pour empêcher les journalistes d’exercer leur métier. Certains professionnels de médias ont même décidé de quitter la Libye, craignant pour leur sécurité et celle de leur famille. Située ans le quartier de Gurji de la capitale libyenne, la résidence du propriétaire de la chaîne privée satellitaire Al-Assima, Jumaa Al-Osta, a été la cible d’une violente explosion, le 20 février, vers cinq heures du matin, causant d’importants dégâts matériels et impactant plusieurs maisons aux alentours. Il semblerait qu’un sac chargé d’explosifs ait été déposé par deux hommes devant le domicile de l’intéressé qui ont réussi à prendre la fuite au volant d’une voiture sans plaque d’immatriculation. Jumaa Al-Osta se trouvait chez lui avec ses enfants au moment de l’explosion. Un correspondant de la chaîne, Hassan Hussein, logeant dans une annexe de la résidence a été sévèrement blessé, notamment à la jambe et au dos. Son nez a été cassé. C’est la troisième fois en dix jours que la chaîne privée est la cible d’agressions armées. Les locaux de la chaîne, situés dans le même quartier, avaient été précédemment été visés par plusieurs roquettes. Al-Assima a été victime de plusieurs menaces et attaques depuis son ouverture. Selon les dires de Jumaa Al-Osta, de nombreux messages d’intimidation lui avaient déjà été adressés, mentionnant explicitement le fait que la prochaine attaque serait contre son domicile, et que ses enfants pourraient être à leur tour kidnappés. Dans le contexte actuel, Reporters sans frontières rappelle qu’un système démocratique repose entre autre sur le respect du pluralisme des opinions et sur le vote de citoyens bien informés. Les médias et les journalistes jouent par conséquent un rôle primordial dans les processus électoraux, en assurant la circulation des informations ainsi que des opinions et leur confrontation. Leur travail devrait être protégé au lieu de se trouver obstrué.
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Updated on 20.01.2016