Pékin prend des résolutions et bloque le site Internet du Guardian

L'année 2014 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour la presse étrangère en Chine. Le 8 janvier 2014, le site d'information Greatfire.org a annoncé sur son compte Twitter que le site web du quotidien britannique The Guardian était inaccessible en Chine depuis l'avant veille. Reporters sans frontières s'inquiète de ce blocage, qui pourrait être le premier signe de l'année de la continuation d'une politique de censure et de discrimination de la presse étrangère, renforcée au cours des derniers mois. « Ce blocage n'augure pas d'amélioration pour les conditions de travail de la presse étrangère, toujours davantage censurée par le régime autoritaire de Pékin. L'augmentation des refus de visa et le chantage que subissent les correspondants étrangers sont inacceptables. Nous appelons The Guardian à saisir immédiatement la justice chinoise », a déclaré Reporters sans frontières. « Face à l'intensification de la censure de la presse étrangère, nous attendons une réaction ferme et concrète de la communauté internationale. Si cette tendance doit être fermement condamnée, des actions doivent aussi être envisagées afin de l'enrayer. Si ce blocage devait se prolonger, nous travaillerons à rendre les informations du Guardian accessibles aux citoyens chinois, et continuerons de communiquer sur les outils de contournement de la 'grande muraille électronique'. Le gouvernement de Xi Jinping doit comprendre que sa politique est contreproductive », a ajouté l'organisation. Les raisons du blocage sont toujours inconnues. De l'avis du Guardian, "aucun des articles concernant la Chine publiés ces deux derniers jours ne pouvait être clairement perçu comme dangereux par les dirigeants du pays". Ce blocage intervient quelques jours seulement après l'annonce par plusieurs internautes basés en Chine de la possibilité retrouvée d'accéder aux versions chinoises des sites de Reuters et du Wall Street Journal. Politique globale d'intimidation de la presse étrangère Au début du mois de décembre 2013, le Club des Correspondants Etrangers en Chine a publié une déclaration condamnant les manœuvres de dissuasion et de chantage des autorités chinoises à l'encontre des correspondants étrangers. Le communiqué de presse faisait notamment référence aux journalistes du New York Times Philip Pan, chef du bureau de Pékin, et Chris Buckley, ainsi qu'à Paul Mooney et Melissa Chan d'Al Jazeera, expulsée en mai 2012. Au moins 20 journalistes de Bloomberg et du New York Times ont été victimes de pressions par le biais d'un possible refus de renouvellement de leur visa. Les autorités n'hésitent pas non plus à inventer de nouvelles restrictions afin d'empêcher la couverture d'événements sensibles. Lors de l'attaque d'une voiture en feu sur place Tian'anmen le 28 octobre dernier, les journalistes se sont vu refuser le droit de couvrir les événements et d'interroger des témoins. Des journalistes de la BBC et de l’AFP, un photographe et une vidéaste qui tentaient de le faire avaient été interpellés par la police. La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, se place au 173ème rang sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016