A peine libéré, Daher Ahmed Farah est replacé en détention préventive

Reporters sans frontières a protesté contre la remise en détention préventive, le 5 juin 2003, de Daher Ahmed Farah (dit "DAF"), directeur du journal Le Renouveau et président du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD). L'organisation a demandé la remise en liberté du journaliste dans les plus brefs délais. "Même si le journaliste a été placé en détention préventive pour une autre affaire que celle pour laquelle il a été remis en liberté, nous ne pouvons que nous indigner de cette décision que rien ne justifie" a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans une lettre adressée au procureur de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali. "Daher Ahmed Farah n'a fait qu'exercer son droit à informer l'opinion publique, un droit garanti par plusieurs traités internationaux ratifiés par la République de Djibouti. La remise en détention de Daher Ahmed Farah est d'autant plus injustifiée que selon Maître Zerbib, l'avocat du journaliste, mandaté par Reporters sans frontières, le général Zakaria aurait proposé de renoncer à sa plainte pour diffamation en échange d'une lettre d'excuses de Daher Ahmed Farah. Ce dernier a refusé. Mais si l'on considère que le journaliste aurait pu échapper aux poursuites grâce à une simple lettre d'excuses, l'emprisonnement apparaît encore plus disproportionné par rapport au préjudice que dit avoir subi le général", a conclu Robert Ménard. L'organisation a par ailleurs rappelé que les Nations unies condamnent "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion" et qu'elles le considèrent comme une violation grave des droits de l'homme. Le 28 mai, la cour d'appel a cassé le jugement rendu le 7 avril dans l'une des affaires qui oppose le général Zakaria Cheik Ibrahim au journaliste pour diffamation. Elle a prononcé une condamnation encore très lourde pour un délit de presse à savoir quatre mois de prison avec sursis et 500 000 Francs Djiboutiens (FD) (2417 euros) de dommages et intérêts. Ce verdict est cependant moins sévère que le premier qui l'avait condamné à six mois de prison avec sursis, 200 000 FD (1 000 euros) d'amende et 2 000 000 FD (10 000 euros) de dommages et intérêts. L'organisation avait mandaté un membre de l'association Avocats sans frontières, Stéphane Zerbib, pour assurer la défense du journaliste qu'aucun avocat sur place ne voulait défendre. Dans cette affaire, le général Zakaria, numéro deux de l'armée djiboutienne, avait porté plainte contre le journaliste pour diffamation, suite à un article intitulé "Le commandement militaire procède à des renvois politicards", publié le 6 mars 2003. Le 17 avril, le journal avait de nouveau reproché à l'officier le manque de "neutralité" d'une armée qui "doit être apolitique". Détenu depuis le 20 avril dans le cadre cette affaire, Daher Ahmed Farah avait demandé sa libération provisoire qui avait été acceptée par le juge d'instruction. Le journaliste avait été libéré le 3 juin. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le procureur a fait appel de cette décision et ordonné que Daher Ahmed Farah soit de nouveau incarcéré. Le 5 juin au matin, la police criminelle et des affaires spéciales l'a arrêté au domicile de sa mère, où il venait de passer la nuit, et l'a conduit à la prison de Gabode, celle-la même où il était incarcéré auparavant dans des conditions déplorables. Daher Ahmed Farah est impliqué dans une troisième affaire pour "atteinte au moral de l'armée" suite à une plainte du général Fati et du ministre de la Défense. Il a été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis et à 200 000 FD d'amende. Le journaliste a fait appel. Celui-ci n'a pas encore été examiné. Daher Ahmed Farah a été emprisonné à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Dans la plupart des cas, il était poursuivi pour un délit de presse et a été condamné à des peines de prison ou à des amendes. Le 15 mars 2003, il avait été détenu une journée et condamné à une amende pour avoir "porté atteinte au moral de l'armée".
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Mise à jour le 20.01.2016