Ouzbekistan

Nom de domaine : .uz
Population : 26 606 007
Internautes : 7 740 000
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : 0,14 euros
Salaire mensuel moyen : environ 50 euros
Nombre de net-citoyens emprisonnés : 0 Dans ce pays privé de médias indépendants, les autorités imposent une censure très stricte d'Internet, tout en refusant de l'assumer publiquement. Filtrage de sites, sanctions et intimidations à l'encontre des voix potentiellement critiques... Les net-citoyens ont appris à s'autocensurer. Censure massive des contenus à caractère politique Le gouvernement a intensifié le contrôle d'Internet, notamment à la suite du massacre d'Andijan en 2005, afin de présenter à la population ouzbèke sa seule version des faits. L'accès à presque tous les sites Internet d'informations avait alors été bloqué. Les autorités tentent d'empêcher l'opposition ouzbèke, dans le pays ou basée à l'étranger, de s’adresser à la population via Internet et les nouveaux médias. Le nombre d'internautes est passé de 2,4 à 7,74 millions entre le début et la fin de 2009, d'après les autorités. La liste des sujets sensibles est longue : la corruption des autorités, la critique du régime ou la situation déplorable des droits de l'homme. Parmi les sites bloqués, le site de l'agence d'information Ferghana.ru et celui de Nezavisimaya Gazeta (www.ng.ru). Le site d'informations régionales centrasia.ru est partiellement bloqué, la majorité des pages restant consultables. En tentant d'accéder aux articles défendus, les internautes sont redirigés vers la page d'accueil. Le site Central Asian News Service www.ca-news.org est également partiellement bloqué. La BBC en ouzbèke est constamment bloquée, la version en russe seulement périodiquement. Les réseaux sociaux tels que LiveJournal, MySpace, Facebook, Twitter, Blogger, Flickr et la plateforme de blogs la plus populaire en Ouzbekistan, kloop.kg, sont rendus inaccessibles de manière irrégulière. Les sites des télévisions russes Russia 1 et Vesti 24 ont été bloqués après avoir diffusé des informations sur la photographe ouzbèke Oumida Akhmedova, poursuivie pour “insulte” et “calomnie” du peuple, avant de bénéficier d'une amnistie. L'artiste avait traité dans ses œuvres de la pauvreté et de la condition des femmes. La majorité des fournisseurs d'accès passent par le Réseau national de transmission de l'information, UzPAK, pour se connecter à l'Internet global. Le filtrage est appliqué à ce niveau. Mais l'un des FAI d'Etat, Tashkent City Telephone Network (tshtt.uz) bloque indépendamment des sites qui ne sont pas rendus inaccessibles par UzPAK. Chaque fournisseur d'accès doit obtenir une licence de la part du ministère des Communications et de l'Information (UzACI). La version d'Internet auquel la population a accès une fois les sites “nocifs” rendus inaccessibles est surnommée UzNet. D'après l'agence d'informations en ligne Ferghana.ru, une campagne destinée à justifier la censure d'Internet auprès du grand public a été lancée dans les médias contrôlés par le pouvoir. Le rédacteur en chef adjoint de l'un des trois grands quotidiens, Halk Suzi, a soutenu la reprise en main de sites qui relaient des “critiques inacceptables”. Il a également proposé de mettre en place un système équivalent à la Grande muraille électronique de Chine. Un appareil législatif liberticide qui bafoue la Constitution La Constitution garantit l'accès à l'information, mais ce principe est bafoué chaque jour, notamment en raison de dispositions législatives multiples. La loi de 2002 sur les principes et garanties de l'accès à l'information autorise le gouvernement à la restreindre quand il s'avère nécessaire de protéger quiconque contre “l'influence psychologique de l'information négative”. Le décret n°216 de 2004 interdit aux fournisseurs d’accès à Internet et aux opérateurs de diffuser certains types d'informations. Une interprétation large du contenu ciblé est faite par l'opérateur national UzbekTelecom. La loi sur les médias de 2007 rend les éditeurs et les journalistes responsables de l'”objectivité” de leurs publications et s'applique aux médias en ligne. Le service de sécurité nationale (SNB) est chargé de surveiller Internet et de s'assurer que ces règles sont bien appliquées par les fournisseurs d'accès et les cybercafés. Surveillance des net-citoyens Le millier de cybercafés que compte le pays sont soumis à une surveillance inégale. L'utilisation de logiciels espions est répandue. Des tests réalisés par Reporters sans frontières ont montré que certains gérants réagissaient à l'installation d'un logiciel anti-espion sur l'un de leurs ordinateurs, tandis que cette manipulation passait inaperçue dans d'autres cybercafés. Certains logiciels de contournement de la censure ont pu être utilisés dans certains cafés mais pas dans d'autres. Des chercheurs de l'OpenNet Initiative ont été interpellés, en 2007, alors qu'ils testaient le filtrage de sites. Les e-mails sont également surveillés, ainsi que les chats, notamment les services de ICQ et Mail.ru Agent. Plusieurs personnes auraient été arrêtées en janvier 2010 pour leur participation présumée à des organisations religieuses extrémistes. Elles auraient été repérées grâce à leurs conversations sur Mail.ru Agent. Les net-citoyens qui souhaitent s'exprimer librement en ligne risquent gros. Comment ne pas se souvenir du journaliste en ligne Djamshid Karimov, neveu du Président, connu pour avoir dénoncé la corruption des autorités de la région de Jizzak, et interné de force en 2006 ? Les rares journalistes indépendants qui sont restés dans le pays sont sans cesse harcelés par les autorités, convoqués au commissariat. Dix d'entre eux sont en prison. Parmi eux, Solidjon Abdourakhmanov a été condamné en 2008 à purger une peine de dix ans de prison pour "possession de drogues avec l’intention de les vendre", dans une affaire montée de toutes pièces. L'hypocrisie des autorités et la lâcheté de la communauté internationale Malgré ce bilan accablant, les autorités nient l'ampleur de la censure, justifiée par la préservation de la sécurité nationale, et tentent même de faire bonne figure sur le plan international. L'hypocrisie du gouvernement n'a pas de limites quand il souhaite faire croire à une certaine ouverture du pays. Le président Islam Karimov a reproché aux médias, dans un discours tenu en février 2010, de ne pas être assez agressifs. Selon lui, “il est nécessaire de créer des conditions supplémentaires pour une meilleure couverture de la politique intérieure et internationale par les médias”. Il s'agit seulement de plaire aux investisseurs, Karimov n'a aucunement l'intention de lever la censure. La stratégie du pays semble dans tous les cas fonctionner. Attirée par les ressources énergétiques du pays, l’Union européenne s’est engagée dans une politique de rapprochement avec l’Ouzbékistan et a voté en 2008, puis en 2009, la levée des sanctions imposées suite au massacre d’Andijan. Liens : http://uzbekistan.neweurasia.net : site collaboratif consacré à l’Ouzbékistan. Le site Internet Neweurasia est une plateforme de blogs d’Asie centrale (anglais, russe, ouzbek, kazakh, tadjik, kirghiz)
http://ferghana.ru : agence de presse indépendante sur les pays d’Asie centrale (russe et anglais)
http://www.centrasia.ru/ : site d’informations sur l’Asie centrale (russe)
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24840 : "Islam Karimov partout, les élections nulle part !", rapport de Reporters sans frontières sur la couverture médiatique de la campagne présidentielle de 2007.
http://www.eurasianet.org : site d’informations Eurasianet http://www.rferl.org/featuresarchive/country/uzbekistan.html : service ouzbek de Radio Free Europe / Radio Liberty
Publié le
Updated on 20.01.2016