Onze journalistes et autant de radios indigènes visés par les paramilitaires : “La vice-présidence doit recevoir d’urgence les victimes”

Depuis la fin du mois de février, trois tracts attribués à plusieurs groupes paramilitaires (“Aigles Noirs”, “Rastrojos” et Autodéfenses unies de Colombie-AUC) circulent à Popayán et dans la région du Cauca (Sud-Ouest), désignant comme “objectifs militaires permanents” des organisations paysannes, syndicales et indigènes ainsi que leurs médias affiliés. Le dernier tract, daté du mois de mars, porte la signature du bloc central des AUC et liste onze journalistes. Figurent également parmi les cibles les onze radios communautaires membres du Conseil régional indigène du Cauca (CRIC), auquel des représentants de l’Association mondiale des radios communautaires (AMARC) et de Reporters sans frontières avaient rendu visite en mai 2010. “Nous ne sommes pas tous morts, ni incarcérés ni extradés”, est-il écrit sur l’un des tracts qui promet des “actions militaires offensives et répressives” contre les personnes et organisations mentionnées. Yamir Adolfo Conejo, responsable de communication du CRIC et lui-même concerné par les menaces, a confié à Reporters sans frontières que les associations du CRIC espéraient rencontrer prochainement à leur demande le vice-président, Angelino Garzón, mais n’avaient toujours pas reçu de réponse de celui-ci. “Le plus haut sommet de l’État doit répondre à la demande des victimes dans cette situation d’extrême urgence. Les campagnes d’intimidations et de terreur suivent actuellement un rythme effréné, en particulier contre des journalistes et des médias, communautaires ou nationaux. Nous demandons publiquement au vice-président Angelino Garzón d’accéder au rendez-vous sollicité par le CRIC et d’engager les mesures de protection appropriées. Il en va de la sécurité des populations du Cauca, territoire au cœur du conflit armé qui n’a pas fini de miner le pays. Ces nouvelles menaces confirment hélas !, les déclarations que nous avaient faites les représentants des différentes communautés indigènes, soulignant une expansion nouvelle du paramilitarisme dans la région et ses redoutables conséquences. La réaction des autorités tarde face à ce danger. Cette situation signe l’échec du prétendu processus de démobilisation des paramilitaires opérés entre 2003 et 2006”, a déclaré Reporters sans Frontières Depuis le début de l’année 2011, d’après le CRIC, dix-huit personnes issues des mêmes communautés ont été assassinées dans le Cauca, dont trois en tant que “faux positifs” dans des actions attribuées aux paramilitaires et parfois à l’armée. Le dernier tract – dont Reporters sans frontières a reçu copie mentionne les noms de journalistes locaux mais aussi extérieurs, qui avaient relayé l’appel à l’aide du CRIC : il s’agit de Silvio Sierra, Fredy Calvache, Antonio Palechor , Ricardo Mottato, Eli Alegría, Gustavo Molina, Carlos Pito, Gustavo Alzate, José Fernando Conejo, Carlos Andrés Gómez et Dario Patiño. Les onze radios affiliées au CRIC sont (média, peuple et localité) :
1. Guambía Estéreo, peuple Misak, localité de Silvia
2. Uswal Nasa Yuwe, Nasa, Caldono
3. Nuestra Voz Estéreo, Nasa, Morales
4. Renacer Kokonuco, Kokonuco, Puracé
5. Radio Nasa de Tierradentro, Nasa, Belalcazar
6. Aires del Pueblo Yanacona, Yanacona, Almaguer
7. Radio Payumat, Nasa, Santander
8. Radio Libertad, Totoró, Totoró
9. Voces de Nuestra Tierra, Nasa, Jambalo
10. Nasa Estéreo, Nasa, Toribio
11. Radio Inzá, Nasa, Inzá
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016