Offensive des services secrets contre la presse

Reporters sans frontières est estomaquée par la décision des services de renseignement et de sécurité (National Intelligence and Security Services - NISS), le 3 avril 2013, de suspendre le rédacteur en chef du quotidien indépendant arabophone Al Sahafa, Al Nour Mohamed Al Nour. Dans le même temps, les NISS ont placé sous pression le correspondant d'Al Jazeera à Khartoum à qui ils reprochent une couverture "non équilibrée" de l'actualité et la "diffusion de fausses nouvelles". "Le Soudan présente cette situation incroyable où ce sont les services de renseignement qui décident de l'organigramme des médias et de la composition des rédactions. En véritables ennemis de la liberté de l'information, ils font la pluie et le beau temps dans les médias, censurent des articles, confisquent des journaux, harcèlent des journalistes", regrette Reporters sans frontières. "Le président Omar El-Béchir a certes apporté quelques signes d'apaisement ces derniers jours – amnistie et libération de prisonniers politiques, invitation de l'opposition à la table des négociations sur le projet de nouvelle Constitution – mais nous ne constatons aucune amélioration en matière de liberté de l'information. Pire, la politique répressive et liberticide contre la presse se renforce", a ajouté l'organisation. Le 3 avril, les NISS ont ordonné la suspension de Al Nour Mohamed Al Nour de sa fonction de rédacteur en chef. La direction d'Al Sahafa s'est exécutée et dès le lendemain, le nom du journaliste n'apparaissait plus dans l'ours du journal. Selon Al Nour Mohamed Al Nour, cité par l'Agence France-Presse (AFP), cette décision pourrait être liée à des divergences concernant la censure imposée par les services de sécurité. Les 3 et 4 avril, le correspondant de la chaîne Al Jazeera, Almosalami Alkabbakhi, a été convoqué pendant neuf heures dans les locaux des NISS pour interrogatoire. Il doit se présenter à nouveau le 6 avril. Le 24 mars dernier, les NISS avaient confisqué toutes les impressions du quotidien en arabe Al-Khartoum. Fin janvier, ils avaient déjà confisqué quatorze mille copies du quotidien arabophone Al-Sudani. Figurant à la 170e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, le Soudan est bien ancré dans le groupe des dix pays au monde les moins respectueux de la liberté de l'information. Photo : Ashraz Shazly / AFP
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Updated on 20.01.2016