Nouvelles atteintes à la liberté d'expression

Le tribunal de la ville d'Oural, dans l'ouest du pays, a condamné, le 21 avril, le journal "Uralskaya Nedelya" (Semaine de l'Oural), et l'un de ses correspondants, à une lourde amende. Ils sont accusés d'avoir porté un préjudice moral à une entreprise engagée dans des projets pétroliers. Reporters sans frontières condame la décision du tribunal, qui, une fois encore, pourrait conduire à la fermeture d'un média. L'organisation soutient la décision de journal de faire appel et espère que l'amende sera sensiblement réduite, à défaut de voir la poursuite abandonnée. Dans un article du 6 août 2009, Lukpan Akhmedyarov avait publié un article intitulé "les appels d'offres cachés". Il y écrivait que la compagnie Tengizneftestoï avait, bien avant que l'appel d'offres n'ait été lancé, commencé à regrouper équipement et main d'oeuvre, étant sûre de le remporter. Le journaliste critiquait le procédé. Lors du procès, la compagnie pétrolière a reconnu avoir agi de cette manière, mais considère que l'article publié a porté atteinte à sa réputation. Reporters sans frontières s'interroge sur le verdict. Pourquoi le journal est-il condamné, si les faits relatés sont exacts? Il n'est en aucun cas question de diffamation dans cette affaire, mais bien d'information. Par ailleurs, Reporters sans frontières s'émeut de l'importance de l'amende. Si celle-ci a été largement réduite par rapport à la requête initiale, elle s'élève encore à 20 millions de tenges (136 000 dollars). Le tribunal exige une telle somme en étant conscient de ses conséquences : la failllite quasi certaine du journal. Reporters sans frontières considère qu'une telle amende a pour but de réduire totalement au silence le journal incriminé. Par ailleurs, à Almaty, au sud-est du pays, la Cour administrative a condamné Guljan Ergalieva rédactrice en chef du journal Svoboda Slova (Liberté d'expression), pour avoir fleuri, le 17 avril dernier, le monument de l'indépendance, sur la place principale de la ville. Après le congrès du parti d'opposition Azat, les participants se sont rendus sur la place alors que les autorités avaient interdit le rassemblement. Guljan Ergalieva a profité de l'occasion pour rappeler l'importance de la liberté d'expression et de réunion. Le tribunal administratif la considère, dans son jugement du 23 avril, responsable des événements. L'amende s'élève à 250 dollars, somme que l'organisation Reporters sans frontières juge disproportionnée. Le 23 avril également, deux journalistes, militantes du mouvement "Pour un Internet libre", ont dû répondre de leur actes devant la justice. Pour avoir participé à une "flash-mob" contre le groupe Kazakhtelecom, qui bloque plusieurs sites Internet sans en avoir le droit, Irina Mednikova a reçu un avertissement, tandis que Zhanna Baïtelovoy, jugée responsable de la manifestation, a été condamnée à une amende, en vertu de l'article 373 du code administratif. Reporters sans frontières appelle la justice kazakhe à lever ces condamnations. En tant que pays présidant l'OSCE, le Kazakhstan devrait s'efforcer de mettre sa législation et ses pratiques davantage en conformité avec les standards internationaux.
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Updated on 20.01.2016