Nouvelle vague d’arrestations arbitraires pour assurer la stabilité du régime

Lire en arabe (بالعربية) Aux Emirats arabes unis, réclamer des droits est un crime contre la sécurité de l’Etat. Pour preuve, une nouvelle vague d’arrestations s’est abattue sur les militants et défenseurs des droits de l’homme, du 16 au 19 juillet 2012. Bilan : dix-huit personnes arrêtées, dix-sept sont toujours détenues. Parmi lesquels, plusieurs net-citoyens et blogueurs, dont Khalifa Al-Nuami (http://kalnuaimi.wordpress.com), Rashid Omran Al Shamsi (http://rashedalshamsi.blogspot.fr), Omran Al Radhwan (http://omran83.tumblr.com), Abdullah Al-Haajiri (https://alhajria.wordpress.com), l’avocat Salim Hamdoon Alshehhi (http://salemalshehhi.wordpress.com), et Juma Darwish Al-Felasi (http://alfelasi.com) ont été arrêtés. Deux avocats spécialisés dans la défense des droits de l’homme, Mohamed Al-Mansoori (http://www.emasc.co), ancien président de l’Association des juristes des Emirats arabes unis et Mohamed Abdulah Al-Roken, l’un des avocats de la défense dans l’affaire des “UAE 5”, figurent également sur la liste des interpellés. Ils sont accusés de contestation de la Constitution et des principes de base du fonctionnement du régime des Emirats arabes unis, ainsi que d’entretenir des relations avec certaines organisations aux intérêts étrangers, a déclaré le Procureur général d’Abu Dhabi, Salem Saeed Kubaish. Ces arrestations sont intervenues au lendemain de l’annonce, par les autorités, de l’existence d’“une organisation menaçant la sécurité nationale”. Reporters sans frontières demande leur libération immédiate. “Les autorités doivent mettre fin à ces arrestations successives de militants et de défenseurs des droits de l’homme, en violation flagrante de leurs libertés fondamentales. Les autorités assimilent délibérement toute vélléité de critique du système à “la mise en danger de la sécurité nationale”, afin d’étouffer la contestation. Ces tentatives d’intimidation sont vouées à l’échec”, a déclaré l’organisation. Le nombre des prisonniers d’opinion dans le pays, surnommé “UAE 27” puis “UAE 30”, ne cesse de croître. A ce jour, trente-et-un militants et activistes sont actuellement en détention, tous arrêtés depuis mars 2012. La plupart ont signé une pétition en 2011, demandant à ce que le Conseil national fédéral (FNC), conseil consultatif des Emirats arabes unis, puisse jouir de pouvoirs législatifs et d’un contrôle sur le pouvoir exécutif. Le régime n’en est pas à sa première action pour faire taire toute critique. En avril 2011, cinq net-citoyens, surnommés “UAE 5”, avaient été arrêtés pour “insultes aux dirigeants émiratis” et “appels à manifester contre le régime”. Ahmed Mansoor, blogueur et administrateur du forum de débat démocratique Al-Hewar, le blogueur et co-administrateur de ce forum Farhad Salem Al-Shehh, l’écrivain et professeur à l’Université Paris-Sorbonne Nasser bin Ghaith, et les militants Hassan Ali Al-Khamis et Ahmed Abdul Khaleq, s’exprimant librement sur Internet, avaient également signé une pétition demandant aux autorités la mise en place de réformes. A l’issue d’un procès inéquitable, ils avaient été condamnés, le 27 novembre 2011, à des peines de deux à trois ans de prison ferme pour “insulte aux dirigeants émiratis”, et “appel à manifester contre le régime”. Condamnés, ils ont été graciés le lendemain. Quant à Ahmed Abdul Khaleq, il a été expulsé vers la Thaïlande, le 16 juillet 2012, après avoir été fallacieusement convoqué pour régularisation administrative, le 22 mai dernier. Apatrides, lui et sa famille ont pu bénéficier de passeports comoriens, leur octroyant la citoyenneté économique comorienne (sans droits politiques) ; étape qui aurait dû leur permettre de vivre aux Emirats arabes unis, et d’être par la suite naturalisés (suite à un accord en 2009 entre les Emirats arabes unis et les Comores). Les Emirats arabes unis font partie des pays sous surveillance dans la liste des ennemis d’Internet publiée par Reporters sans frontières en mars 2012. Le régime a accentué depuis des mois ses pressions sur les net-citoyens, renforçant le contrôle de toutes les voix dissidentes et des appels à des réformes démocratiques. Image : www.shutterstock.com
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Updated on 20.01.2016