N'oublions pas Martin O'Hagan, assassiné il y a quatre ans

Le 28 septembre 2001, des inconnus tiraient sur Martin O'Hagan, journaliste irlandais de l'hebdomadaire Sunday World, le tuant sur le coup. Quatre ans plus tard, l'enquête est toujours au point mort et les coupables n'ont pas été identifiés.

L'enquête sur l'assassinat du journaliste irlandais de l'hebdomadaire Sunday World, tué par balles le 28 septembre 2001, à Lurgan, près de Belfast, reste ouverte. Quatre ans après les faits, les coupables n'ont pas encore été identifiés. « N'oublions pas que Martin O'Hagan a été assassiné pour avoir exercé son métier. Ce crime impuni met en exergue le climat d'insécurité dans lequel travaillent parfois les journalistes en Irlande du Nord, notamment ceux qui enquêtent sur des sujets sensibles. Nous demandons à Peter Hain, ministre britannique pour l'Irlande du Nord, de s'engager à poursuivre l'enquête sur l'assassinat de Martin O'Hagan, tant que la vérité sur cette mort odieuse n'aura pas éclaté et que les coupables n'auront pas été punis », a déclaré Reporters sans frontières. Martin O'Hagan a vraisemblablement été le premier journaliste délibérément assassiné par des milices paramilitaires d'Irlande du Nord, très certainement en raison de ses enquêtes sur la collusion entre la police, les services militaires de renseignements, les groupes armés nord-irlandais et les mafias de la drogue. Seamus Dooley, secrétaire irlandais de l'Union nationale des journalistes, ainsi que de nombreux confrères du journaliste assassiné continuent de dénoncer le « mur du silence » autour de l'enquête en cours. Depuis le début de l'enquête, huit suspects ont été arrêtés puis relâchés, faute de preuves. La police a démenti les allégations de certains journalistes selon lesquelles les suspects auraient été blanchis car ils étaient d'anciens informateurs. La mort du journaliste irlandais a marqué un tournant dans le climat d'insécurité qui touche les journalistes en Irlande du Nord. « Si l'on comptait trois journalistes menacés en 2001 par les groupes loyalistes, on en dénombre aujourd'hui une quinzaine », précise le correspondant de Reporters sans frontières au Royaume-Uni. Cet été, le Sunday World a fait l'objet d'une campagne d'intimidation, à la suite de la publication de plusieurs articles décrivant le train de vie somptueux de certains membres de groupes armés protestants, chefs de gangs mafieux par ailleurs. Plusieurs livreurs et marchands de journaux situés dans les quartiers loyalistes protestants ont fait l'objet de violences répétées de la part de groupes paramilitaires, afin de les contraindre à retirer de la vente le Sunday World. « Si ces intimidations avaient lieu dans les rues de Liverpool ou de Manchester, si les journaux qui s'y trouvent étaient visés comme le nôtre, on assisterait à un tollé national. Mais comme cela se passe en Irlande du Nord, personne ne semble y prêter attention », a déclaré Jim McDowell, rédacteur en chef du Sunday World à Reporters sans frontières. Martin O'Hagan, 51 ans, a été tué par balles dans la soirée du 28 septembre 2001, à Lurgan, alors qu'il revenait d'une soirée en compagnie de sa femme. Le lendemain, l'assassinat a été revendiqué par les "défenseurs de la main rouge", nom emprunté par les groupes paramilitaires protestants, en particulier par la "Loyalist Volunteer Force" (LVF).
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Updated on 20.01.2016