Neuf médias sanctionnés : une "décision navrante" du CNC

Reporters sans frontières dénonce la persistance de réflexes répressifs au Gabon après les interdictions de paraître et les mises en demeure infligées par le Conseil national de la communication (CNC), le 10 novembre 2009, à huit publications privées. Une émission de télévision de la chaîne privée Canal Espoir est également suspendue. "Alors que le climat est déjà difficile pour la presse gabonaise – certains journalistes se plaignant de pressions et de menaces – la décision du CNC est navrante car elle ne fait que punir des formes d'expression pluraliste. Visiblement, cet organe de régulation, dont l'indépendance vis-à-vis du pouvoir de Libreville est contestée, ne tolère pas que les résultats de l'élection présidentielle soient commentés ni que des membres du gouvernement ou du parti au pouvoir soient critiqués. Avec ces sanctions, certes temporaires, la presse d'opposition, critique ou satirique, est réduite à peau de chagrin", a déclaré l'organisation, qui exprime son soutien à la presse privée du Gabon. Lors de sa séance plénière du 10 novembre, le CNC a accusé les médias incriminés d'être des "relais tous azimuts de la rumeur publique" et certains articles de "verser dans la division ethnique, l'injure et la calomnie". Interrogé par Reporters sans frontières, Norbert Ngoua Mezui, fondateur et éditorialiste du journal Nku'u le Messager, s'est inquiété de "la détérioration croissante du climat" pour les médias. Craignant que cette décision ne soit que la première d'une série de mesures visant à museler la presse, il a estimé que c'est "la liberté de ton de ces médias durant la campagne présidentielle" qui a été punie. Les tentatives de Reporters sans frontières de joindre le CNC pour obtenir des explications sont restées infructueuses. Pour un article paru le 29 octobre dernier, intitulé "Les prémices d'un Etat voyou", le bimensuel Echos du Nord a écopé de la plus lourde sanction, avec trois mois de suspension. Trois titres, Le Scribouillard, L'Ombre et La Nation sont interdits de paraître pendant deux mois. Enfin, les hebdomadaires Nku'u le Messager et Le Crocodile ont été supendus pour un mois. L'hebdomadaire Le Temps et le journal à parution irrégulière Gabon d'abord ont été mis en demeure de respecter la réglementation en vigueur relative à l'éthique et la déontologie de la profession de journaliste. Enfin, l'émission quotidienne "Entre nous", devenue très populaire car elle permettait à la population de s'exprimer en direct, a également été suspendue. Le CNC accuse la chaîne de télévision Canal Espoir de "nombreux manquements quant à la maîtrise des techniques de diffusion d'une émission en direct", mais ne s'est pas prononcé sur la durée de cette suspension. Photo : copyright Gaboneco
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Updated on 20.01.2016