Naissance de Radio Erena, une station indépendante pour les Erythréens

Le 15 juin 2009, Radio Erena ("Notre Erythrée") a commencé à émettre depuis Paris à destination des Erythréens de l'intérieur. Diffusée en langue tigrinya par satellite, cette station, fruit de l'initiative de plusieurs journalistes érythréens basés à l'étranger et soutenue par Reporters sans frontières, offre à la population une information libre et indépendante. Son lancement intervient cinq jours avant la célébration de la Journée mondiale des réfugiés.

"L'absence dramatique de médias indépendants en Erythrée a poussé Reporters sans frontières à soutenir ce projet historique. Dans quelques pays seulement, comme la Birmanie, le Turkménistan, la Corée du Nord ou l'Erythrée, la répression est telle qu'il n'existe aucune presse libre. Nous nous réjouissons que le lancement de Radio Erena permette à des journalistes érythréens en exil à la fois de retrouver du travail et de faire entendre à leurs compatriotes une voix différente de celle des médias d'Etat", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation.

"J'ai consacré ma vie aux médias et aux technologies de l'information parce que j'aime que les gens soient en contact. Aujourd'hui, je suis heureux parce que je sais que Radio Erena va faire le lien entre l'Erythrée et le monde extérieur", affirme pour sa part le rédacteur en chef de la station, Biniam Simon, ancien présentateur de télévision, qui a dû quitter l'Erythrée début 2007, craignant d'être arrêté.

Indépendante de toute organisation politique et de tout gouvernement, Radio Erena propose des bulletins d'information, ainsi que des émissions culturelles, musicales et de divertissement. Un réseau de contributeurs basés aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas fournit des programmes à la rédaction basée à Paris, qui les diffuse sur le satellite Badr-6 d'Arabsat. Les Erythréens peuvent écouter Radio Erena sur la fréquence 11 785 Mhz, à polarisation verticale (SR 27 500, FEC 3/4).

Bientôt, les programmes émis sur les ondes seront également diffusés sur Internet pour permettre aux membres de la diaspora érythréenne de suivre Radio Erena.

En septembre 2001, au cours de grandes rafles ordonnées par le président Issaias Afeworki, les directeurs et rédacteurs en chef des quelques journaux indépendants qui paraissaient à Asmara ont été arrêtés. Leurs publications ont été suspendues. Depuis cette date, en l'absence d'une presse libre, la population érythréenne n'est informée dans sa langue nationale que par les médias d'Etat, Eri-TV, Radio Dimtsi Hafash et le quotidien gouvernemental Hadas Eritrea, qui se trouvent sous l'étroite surveillance du ministère de l'Information.

Première prison d'Afrique pour les journalistes, l'Erythrée se situe depuis deux ans en dernière position du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, à la 173e place sur 173 pays recensés. Au début de l'année 2009, l'organisation relevait au moins 17 journalistes emprisonnés dans le pays. Depuis une vague d'arrestations menée en février, à la station Radio Bana et au sein de plusieurs autres médias, quelques dizaines de journalistes sont venus s'ajouter à ceux déjà détenus. Dans la plupart des cas, leur lieu d'incarcération est inconnu.

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Publié le
Updated on 20.01.2016