Multiplications des exactions contre les journalistes présents lors des manifestations au Kurdistan irakien, un disparu

Le 1er avril dernier, des journalistes couvrant le rassemblement organisé sur la place de la Liberté (Saray Azadi) à Suleimanieh ont été agressés par les forces de l’ordre. Reporters sans frontières est - depuis - sans nouvelles du responsable des cameramen de la chaîne Naliya (NRT), Dana Bakir. Le directeur général de la chaîne, Twana Othman, dénonce l’enlèvement de son journaliste. D’après les dernières informations en sa possession, son cameraman aurait été arrêté et se trouverait actuellement en prison. « J’ai demandé à pouvoir lui rendre visite, mais mes demandes ont été rejetées. D’autres m’ont dit qu’il était à Kani Goma, une prison à Suleimanieh », a-t-il déclaré à Reporters sans frontières. La police de Suleimanieh a quant à elle nié avoir arrêté le journaliste. Interrogée par Reporters sans frontières au sujet des violences perpétrées à l’encontre des professionnels de l’information, Jiyar Omer, journaliste à Lvin Magazine, témoigne : « J’étais sur place, prenant des photos d’agents des forces de l’ordre, police et Asayesh (service de renseignements), en train d’attaquer des manifestants. Malgré leurs mises en garde, je ne me suis pas cachée. A aucun moment je pensais que les forces de sécurité s’en prendraient à moi, et ce jusqu’à ce qu’ils tentent de m’arrêter. Les manifestants sont venus à ma rescousse. Plus tard, lorsque j’ai voulu prendre en photo les forces de l’ordre tirant sur la foule, ils m’ont frappée au ventre et dans le dos avec la crosse de leurs kalachnikovs ». Les manifestations se sont poursuivies le lendemain à Suleimanieh. Des journalistes ont été la cible d’agressions par les forces de l’ordre. Goran Othman, qui travaille pour le journal Komal, déclare avoir été frappé, tout comme Hakar Muhammad. Mohamed Jamal, qui travaille également pour cet hebdomadaire du Groupe islamique du Kurdistan, a également été agressé, et sa caméra confisquée. Le photographe freelance Zmnako Ismaïl a quant à lui été interpellé. Par ailleurs, le domicile du rédacteur en chef de www.judinews.com, Shirwan Muhammad Amin, a été cambriolé. Son ordinateur et sa caméra ont disparu. Son site a fait l’objet d’attaques. Le 31 mars, les journalistes qui couvraient une manifestation d’étudiants devant la Direction générale de l’éducation à Erbil ont été pris à partie par des Asayesh en civil, sous les yeux des forces de police. Une équipe de la chaîne de télévision Kurdistan News Network a été agressée. Mariwan Mala Hassan, reporter, et Ahmed Younus, cameraman, ont été blessés et leur matériel cassé. En outre, Halgurd Ahmed, rédacteur en chef du magazine culturel Zinar et membre du Parti démocratique du Kurdistan, a été grièvement blessé par des individus armés, au cours de la soirée du 28 mars, dans le district de Raniya (100km au sud-est de Suleimanieh). « Ils étaient parfaitement préparés. La nuit précédant mon agression, ils avaient coupé la lampe qui éclaire l’entrée de ma maison. La nuit suivante, ils ont fermé la porte derrière moi et ont ouvert le feu. J’ai été touché par quatre balles », a confié à Reporters sans frontières le journaliste, connu pour entretenir de bonnes relations avec l’ensemble des forces de l’échiquier politique de la région. « Les représentants de toutes les formations politiques sont venus me rendre visite. Tous étaient choqués. Je ne sais pas qui a fait cela, je ne veux mettre en cause personne. » Halgurd Ahmed a indiqué avoir porté plainte. Les Asayesh et la police ont ouvert une enquête.
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Updated on 20.01.2016