Multiplication des procédures judiciaires contre les journalistes d'opposition

Reporters sans frontières dénonce l'acharnement de la justice égyptienne, en complicité avec des membres du Parti national démocratique (PND, au pouvoir), à l'encontre de journalistes d'opposition. Trois collaborateurs du quotidien Al-Wafd ont été condamnés, le 24 septembre 2007, à deux ans de prison pour "atteinte au prestige de la justice" tandis qu'une plainte en “diffamation” a été déposée par un membre du parti contre le rédacteur en chef du quotidien El-Badeel. "La situation des droits de l'homme et de la liberté d'expression devient de plus en plus critique en Egypte. Les procès des journalistes d'opposition se succèdent sans que ces derniers aient aucune chance de se défendre face à une justice qui ne penche décidément que du côté du pouvoir en place. En l'espace d'un mois, pas moins de sept journalistes ont été traînés devant les tribunaux", a déclaré l'organisation. Le 24 septembre 2007, le tribunal correctionnel du Caire a condamné par contumace Anouar Al-Haouari, le rédacteur en chef du quotidien Al-Wafd, ainsi que deux journalistes, Mahmoud Ghallab et Amir Othmane, à deux ans de prison pour "atteinte au prestige de la justice" et à une amende de 200 livres égyptiennes (soit 25 euros). Les trois hommes doivent également payer une caution de 5000 livres égyptiennes (soit 630 euros). Onze avocats, membres du PND, avaient porté plainte contre ces journalistes suite à la publication, en janvier 2007, d'un article reprenant des propos controversés du ministre de la Justice, Mamdouh Marii, qui avait déclaré que 90% des juges égyptiens n'étaient pas à la hauteur de leur tâche. Selon les plaignants, l'article incriminé porte préjudice à la réputation du système judiciaire dont ils font partie. Par ailleurs, les propos tenus par le juge en charge de l'affaire, Medhat Fawakeh, à l'énoncé du verdict, sont révélateurs de la proximité existante entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique. "La Cour reconnaît que la presse n'a jamais connu un degré de liberté tel que celui dont elle jouit sous l'autorité du président Hosni Moubarak", s'est félicité Medhat Fawakeh. Par ailleurs, à la veille de cette audience, le Conseil suprême de la magistrature avait publié un communiqué menaçant de poursuites judiciaires toute personne s'avisant de commenter les décisions des tribunaux. Plusieurs juges ont affirmé que cet avertissement était d'abord adressé à la presse. Les trois journalistes sont libres et ont décidé de faire appel. Dans une affaire similaire, l'avocat Samir El-Cheshtawi, également membre du PND, a porté plainte contre le rédacteur en chef du quotidien indépendant El-Badeel, Mohamed El-Sayed Sa'eed, pour “diffamation”. La plainte a été déposée suite à la publication, le 5 septembre 2007, d'un éditorial décrivant Samir El-Cheshtawi comme “un avocat adorateur de Moubarak”. La première audience du procès a été fixée au 17 octobre prochain. Samir El-Cheshtawi est également à l'origine de la plainte déposée pour "publication de fausses rumeurs concernant l'état de santé du président Hosni Moubarak" contre Ibrahim Issa, le rédacteur en chef du quotidien Al-Doustour, dont le procès s'ouvrira le 1er octobre 2007 devant le parquet de la Sécurité de l'Etat.
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Mise à jour le 20.01.2016