Mort d’un journaliste pris dans une embuscade près de la ville de Benghazi, bastion des insurgés contre le colonel Kadhafi

Reporters sans frontières se dit indignée par l’assassinat de Ali Hassan Al-Jaber, cameraman de la chaîne de télévision Al-Jazeera, pris dans une embuscade, samedi 12 mars 2011, aux abords de la ville de Benghazi, à l’est du pays. L’organisation exprime toute sa sympathie à la famille et aux proches de la victime. Selon la chaîne qatarie, Ali Hassan Al-Jaber revenait à Benghazi après un reportage dans une ville voisine quand des inconnus ont ouvert le feu sur sa voiture, tuant le journaliste et blessant un second passager. "S’il reste encore à identifier précisément les coupables, nous ne pouvons que constater que cet acte odieux s’inscrit dans un moment qui est loin d’être fortuit, marqué par une montée récente de la violence contre les professionnels de la presse par les autorités fidèles au président libyen, alors qu’elles lancent une large contre-offensive contre les insurgés, a déclaré Reporters sans frontières. Le régime n’hésite pas à employer des méthodes brutales pour les empêcher de travailler librement et de mener des reportages qui trahiraient l’image que le pouvoir veut donner au monde et rendraient compte de l’état réel de la situation. Avec son discours de haine contre les journalistes, Mouammar Kadhafi a une responsabilité directe et entière dans l’attaque perpétrée samedi 12 mars." (cf : http://fr.rsf.org/libye-obstacle-au-travail-des-medias-09-03-2011,39730.html) "La mort d'Ali Hassan Al-Jaber nous rappelle également les risques encourus par les reporters lors de la couverture des conflits, continue l'organisation. Nous exprimons tout notre soutien à Al-Jazeera qui a dénoncé un “crime lâche” et affirmé vouloir utiliser tous les “moyens légaux” pour poursuivre les coupables." Parmi les exactions les plus graves perpétrées récemment contre la presse, il faut rappeler le cas du journaliste brésilien Andrei Netto, envoyé spécial du journal O Estado de São Paulo, qui a passé six jours en détention, du 6 au 11 mars, à Sabratha, à 60 km de la capitale libyenne. Nous restons toujours sans nouvelle de Ghaith Abdul-Ahad, du quotidien britannique The Guardian. Ils couvraient tous deux les affrontements entre les forces de Kadhafi et les insurgés et avaient été arrêtés ensemble. Le 7 et 8 mars, trois journalistes de la BBC ont subi violences et humiliations pendant leur arrestation par les forces pro-gouvernementales avant d’être finalement relâchés. Ali Hassan Al Jaber est le troisième journaliste tué pendant son travail depuis la vague de protestations qui traverse le monde arabe. Ahmed Mohammed Mahmoud du journal Al-Ta'awun est mort des suites de ses blessures le 4 février 2011, après avoir été touché une semaine plus tôt par un sniper près de la place Tahrir, au Caire, lors des grandes manifestations qui ont conduit à la chute du président Moubarak en Egypte. Le photographe Lucas Mebrouk a été tué lors d'une manifestation à Tunis, en Tunisie, à la mi-janvier.
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Mise à jour le 20.01.2016