Mohammed Abbou entame une grève de la faim

Mohammed Abbou, « l'avocat de la liberté » emprisonné depuis le 1er mars 2005, a entamé lundi une nouvelle grève de la faim.

Mohammed Abbou, « l'avocat de la liberté » emprisonné depuis le 1er mars 2005, a entamé lundi une nouvelle grève de la faim. « Nous demandons au président Zine el-Abidine Ben Ali la libération immédiate de Mohammed Abbou. Il est tout simplement inacceptable que la grève de la faim devienne le seul recours pour cet avocat, incarcéré injustement depuis près de 150 jours pour avoir osé exprimer ses opinions. Nous sommes scandalisés que le président Ben Ali ait préféré gracier des prisonniers de droit commun plutôt que Mohammed Abbou à l'occasion de la fête nationale», a déclaré l'organisation. Le 25 juillet 2005, Mohammed Abbou a annoncé qu'il entamait une grève de la faim de plusieurs jours. En signe de solidarité, son épouse a également commencé une grève de la faim. Mohammed Abbou, par ce geste, souhaite « informer les opinions publiques nationale et internationale (…) pour attirer l'attention sur ce qui se passe dans (son) pays au sujet de la répression qui touche toutes les voix discordantes, de la haine et du refus de toute tolérance qui sont réservés à tous ceux qui osent, même implicitement, dénoncer et dévoiler les agissements des « familles mafieuses » qui détruisent l'économie tunisienne et qui mettent en danger la sécurité de l'ensemble des Tunisiens ». Rappel des faits Mohammed Abbou avait été condamné, en première instance, le 29 avril 2005, à trois ans et six mois de prison. Reporters sans frontières avait alors dénoncé une "mascarade de procès". Le 10 juin 2005, l'avocat avait vu sa peine de trois ans et demi de prison confirmée en appel. L'avocat, emprisonné depuis le 1er mars 2005, avait été condamné à deux ans de prison pour avoir prétendument agressé l'une de ses consoeurs, en 2002, lors d'une conférence. Aucun élément tangible n'était venu appuyer cette accusation, à part une attestation médicale non signée. Dans le second dossier, Mohammed Abbou avait été condamné à un an et demi de prison pour avoir publié sur le site Tunisnews, en août 2004, un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Toutefois, selon de nombreux observateurs présents au procès, sa condamnation serait due en réalité à un autre article, publié sur Internet quelques jours avant son arrestation, dans lequel il critiquait l'invitation faite à Ariel Sharon d'assister au SMSI et dénonçait, sur un ton ironique, la corruption de la famille du Président. La Tunisie est l'hôte de la deuxième phase du prochain Sommet mondial sur la société de l'information, en novembre 2005, organisé sous l'égide des Nations unies.
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Mise à jour le 20.01.2016