Mobilisation de Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, et de trois organisations pour la défense des droits de l’Homme

Dans les prisons du régime de Téhéran, la vie de nombreux prisonniers de conscience est aujourd’hui en danger

Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, son organisation affiliée, la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme, et Reporters sans frontières condamnent fermement le traitement inhumain réservé aux prisonniers d’opinion et, notamment, aux défenseurs des droits de l’Homme, aux journalistes, et aux net-citoyens emprisonnés en Iran. La situation des droits de l’Homme en Iran ne cesse de se dégrader. Nous continuons d’observer des morts suspectes de prisonniers et des cas de mauvais traitements dans les différentes prisons du pays, notamment dans celles d’Evin et de Raja’i Shahr. La vie de nombreux prisonniers de conscience est aujourd’hui en danger. Parmi eux, Narges Mohammadi, Mohammad Sedegh Kabodvand et Hossein Ronaghi Maleki sont gravement malades. Nous demandons leur libération définitive et inconditionnelle. Nous exhortons les autorités iraniennes d'arrêter de mettre ces vies en péril. Nous les tiendrions pour responsables s’il arrivait malheur aux personnes concernées. Narges Mohammadi, journaliste et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’Homme, a été arrêtée le 21 avril 2012, dans la ville de Zanjan (nord du pays), avant d’être transférée à la prison d’Evin à Téhéran. Elle avait déjà été arrêtée à son domicile, dans la soirée du 10 juin 2010. Suite à la pression subie durant les interrogatoires, elle a été victime d’une crise de nerfs, ce qui a aboutit à sa libération provisoire, le 2 juillet 2010, et son hospitalisation pour une paralysie des muscles. Deux mois plus tard, elle avait été condamnée à onze ans de prison ferme pour “réunion et complot contre la République islamique”, “publicité contre le régime” et “collaboration avec le Centre des défenseurs des droits de l’Homme”. Le 4 mars 2011, cette condamnation avait été réduite à six ans de prison ferme par la Cour d'appel. Le 16 mai 2012, la famille de Narges Mohammadi a été informée de son transfert à la prison centrale la ville de Zanjan. Taghi Rahmani, son mari, lui aussi constamment harcelé par les services de sécurité, a été contraint de quitter le pays en 2012. Il a exprimé son inquiétude quant à la détérioration de l’état de santé de sa femme. “Narges a été transférée à la prison centrale de Zanjan, illégalement et contre son gré. Elle est détenue avec des prisonniers de droit commun. Ce transfert risque d’aggraver encore son état de santé. Dans les prisons en général et particulièrement dans les prisons provinciales, l’accès aux traitements médicaux est limité. Chaque jour qui passe rend les soins plus difficiles à obtenir, quand ils ne sont pas inaccessibles,“ a déclaré Taghi Rahmani aux organisations de défense des droits de l’homme. Mohammad Sadegh Kabodvand, directeur du journal Payam-e mardom-e Kurdestan (suspendu en 2004), a entamé, il y a deux semaines, une nouvelle grève de la faim en protestation contre la décision inhumaine des autorités judiciares qui l'empêchent de rendre visite à son fils, gravement malade et hospitalisé à Téhéran. Incarcéré depuis juillet 2007 à la prison d’Evin (Téhéran), il a été condamné à onze ans de prison par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, le 22 juin 2008, pour avoir créé une association de défense des droits de l’homme au Kurdistan. Plusieurs fois victime de malaises et privé des soins nécessaires, le journaliste voit son état de santé se détériorer. L’acharnement contre le journaliste n’est pas récent. Depuis son arrestation, les autorités pénitentiaires ont systématiquement rejeté ses demandes de libération pour raisons médicales, malgré ses problèmes cardiaques. Le blogueur Hossein Ronaghi Maleki a entamé une grève de la faim, le 26 mai 2012, pour protester contre ses conditions de détention. Malgré deux opérations des reins et un état de santé très fragile, ce défenseur des droits de l’homme ne bénéficie pas des soins nécessaires. Ses jours sont aujourd’hui en danger. Arrêté le 13 décembre 2010, il purge une peine de quinze ans de prison. Le 2 juin, l’Ayatollah Sadegh Amoli Larijani, chef du pouvoir judiciaire en Iran, a ordonné son hospitalisation mais les proches du blogueur n’ont reçu aucune garantie quant à la poursuite de son traitement. « La République islamique profite de la situation tendue dans la région et des négociations sur le programme nucléaire avec l'Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie pour détourner l’attention de la gravité des atteintes aux droits de l’homme en Iran. Les autorités refusent toujours la visite d’Ahmed Shaheed, rapporteur spécial des Nations unies chargé d’examiner la situation des droits de l’homme en Iran. En dépit des lois nationales et internationales, aucune observateur indépendant ne veille sur l'état des prisons iraniennes ou sur la protection des droits fondamentaux des personnes qui y sont détenues. La communauté internationale doit obliger les autorités iraniennes à collaborer sans condition avec les Nations unies et à faciliter la visite du rapporteur spécial », ont déclaré les organisations de défense des droits de l’Homme.
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Mise à jour le 20.01.2016