Mise en cause de la protection des sources des journalistes ayant couvert l'affaire "Holly et Jessica"

Reporters sans frontières s'étonne des méthodes employées par la police de Cambridge, qui a demandé à plusieurs centaines de journalistes de transmettre les informations recueillies sur l'affaire des meurtres des fillettes Holly et Jessica, sous peine de poursuites. "Les abus de certains journalistes, la gravité du crime commis et l'émoi ressenti par tout un pays, ne justifient pas qu'un principe aussi essentiel pour la liberté de la presse que la protection des sources soit remis en cause", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous considérons qu'une collaboration entre les magistrats et les journalistes doit rester volontaire. Obliger, sous peine de poursuites, les journalistes à mettre leurs informations à disposition de la justice, c'est faire des professionnels de l'information des auxiliaires de justice", a ajouté Robert Ménard. Le 12 septembre, la police de Cambridge a annoncé que des questionnaires seraient envoyés à tous les journalistes ayant couvert l'affaire Holly et Jessica (400 journalistes environ), leur demandant s'il étaient prêts à donner des informations utiles dans le cadre de l'enquête. Selon le Guardian, le questionnaire précise que la police pourrait les y contraindre par la voie légale. Holly Wells et Jessica Chapman, âgées de dix ans avaient disparu le 4 août à Soham (centre de l'Angleterre) et avaient été retrouvées mortes treize jours plus tard dans un bois. Certains journalistes avaient offert des récompenses pour obtenir des informations et avaient interrogé, avant qu'ils ne soient arrêtés, Ian Huntley, le meurtrier présumé, et sa compagne, Maxine Carr, accusée d'entrave à la justice. Ils avaient écrit de nombreux articles concernant le passé du couple et interviewé des témoins potentiels, risquant de compromettre l'objectivité de l'instruction et de faire annuler les poursuites contre les prévenus.
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Updated on 20.01.2016